histoire

This is Just a Story, my Story...

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C'est étrange de devoir résumer sa vie en seulement quelques lignes. Il y a tellement de choses à dire que c'est tout bonnement impossible. Je ne ferais donc pas court, ou alors seulement sur quelques détails. Mais on va d'abord commencer par le début, pour pas qu'on se perdre dans tout ça.
Je suis né et j'ai grandi à Paris, en France. Un magnifique pays, et une ville tout simplement sublime. On ne l'appelle pas la ville lumière pour rien. Paris, c'est la ville où je comptais vivre, travailler, fonder une famille. Même étant jeune, c'était ce à quoi j'aspirais. Je suis né dans une famille modeste. Mes parents, Myriam et Louis Gosselin, m'ont prénommé Noah qui signifie Facile et Commode. Je pense qu'au début, ils n'ont pas pensé que ça m'irait comme prénom. Je n'étais pas vraiment ce qu'on pourrait appeler facile et commode. Ma mère me disait souvent que j'étais son petit démon. J'étais un peu turbulent, il fallait l'avouer. Mais ça ne dura qu'un temps. Joseph arriva ensuite, et trois ans plus tard, ce fut Shoshanna. J'avais six ans à la naissance de ma petite sœur, et je peux vous dire que tout a changé quand je l'ai vue pour la première fois. C'était bizarre, mais en la voyant, si petite et fragile, je savais que je devais la protéger du mieux que je pouvais, et être un vrai grand frère pour elle. Mon enfant se passa plutôt calmement, malgré les revenus modestes de mon père. Ma mère elle, s'appliquait à prendre soin de notre famille. A l'école, bien qu'un peu effacé, je n'ai jamais vraiment été doué. C'était plutôt le talent de Joseph et Shoshanna. Moi, je suis plus manuel qu'autre chose, un artiste dans l'âme. Très tôt, je m'étais mis à dessiner, tout ce que je voyais se retrouvant sur une feuille de papier…
Cependant, malgré toutes les belles choses que j'ai connu durant ma jeunesse dans les rues de Paris, à courir partout en entraînant mon petit frère partout où j'allais, la situation pour nous changea du tout au tout en seulement quelques années. Observateur, je remarquais les changements que notre peuple subissait. Les remarques, les regards haineux, juste parce que nous étions nés différents. Et pourtant, ce n'était qu'une religion. Ma mère, très croyante, priait chaque soir pour que ses enfants puissent grandir en paix. Quant à moi, je ne comprenais pas pourquoi on s'en prenait à nous de cette façon. Nous n'avions rien fait. Mais l'antisémitisme commençait à battre son plein, et mon père n'eut pas le choix que de prendre la plus grande décision qu'il n'eut jamais à prendre. En Juin 1910, tout était prêt. Et aussi vite que cela, nous étions partis aux Etats Unis. Mon père avait trouvé du travail, et à seize ans, sachant que je ne réussirais jamais à l'école, je pris la décision de travailler moi aussi. Depuis toujours, je travaillais le bois, en plus de mes dessins et des cours de piano que j'avais pris étant petit, et il ne fut pas difficile pour moi de trouver un travail également. Forcément, mon père n'avait pas approuvé ma décision, mais ne m'en avait pas empêché. Je savais très bien qu'il commençait à fatiguer, et lui savait très bien qu'un deuxième salaire ne nous ferait que du bien. C'est donc comme ça que la vie à New York commença, un nouveau départ, comme il aimait l'appeler…
Arrivé à New York, j'eus un peu de mal à m'intégrer. Surtout parce que je ne comprenais pas un seul mot d'anglais. Très vite cependant, et grâce à Peter, je finissais par maîtriser les bases. Peter, c'est le meilleur ami qu'un homme peux avoir. Le genre de pote qui est toujours là pour vous entraîner dans un bar, à vous embarrasser quand il le faut, et à vous embêter quand vous n'en avez pas envie. Dans tout ça, il est le meilleur et y excelle à la perfection. Mais ma vie changea un beau jour d'été, quand je la rencontrais elle. Carolyn. Sa silhouette élancée, ses cheveux longs et doux reflétant le soleil, sa couleur imitant les champs de blé. Et là, dans sa robe fleurie, je découvrais pour la première fois ce qu'on pouvait appeler le coup de foudre. C'est sur une brocante qu'on se rencontra. J'exposais mes meubles fait mains, et elle était là, à rire avec ses amies, à dépenser un peu d'argent dans des objets anciens. Il ne fallut qu'un regard dans ma direction, pour que je tombe sous son charme. Elle n'avait que dix huit ans, mais je savais qu'un jour, je l'épouserais. A croire que parfois, on ne peux pas deviner quand l'amour nous tombera dessus. C'était également la seule femme à me rendre nerveux, ce qui semblait la faire rire bien souvent. C'est grâce à elle que je pus également parfaire mon anglais, probablement un prétexte pour passer du temps avec moi. Enfin, j'aime le croire en tout cas. C'est au bout de trois ans ou presque de relation, que je me décide enfin à l'épouser. Surtout parce que, venant d'une bonne famille américaine, il m'a fallu séduire son père pour cela. Ce qui ne fut pas une mince affaire, d'où le fait qu'on se maria que trois ans après notre première rencontre. Un peu contre l'avis de sa famille, mais ayant été aussi patient, Carolyn pris l'initiative. Son père finit par céder, et ce fut un beau mariage qui fut célébré en petit comité, civilement uniquement.
La vie maritale était tout ce dont je pouvais rêver. Carolyn était tout simplement superbe dans le rôle de jeune mariée. Et moi qui souhaitait fonder une famille, semblait trouver tout ce dont j'avais pu rêver. Pourtant, l'enfant que nous souhaitions tant avoir, n'arrivait pas. Ma sœur entre temps, se maria aussi, à l'âge de dix neuf ans. Ce fut un mariage religieux cette fois, ma mère ne voulant pas que sa fille se marie hors du système juif, comme je l'avais fait moi. Ce fut un beau mariage, et je ne pouvais qu'être fier de ma petite sœur. Ce fut ce jour là que Carolyn m'annonça une plus belle nouvelle encore. Enfin, elle était enceinte. Nous ne pouvions être que fou de joie. Enfin, mon rêve devenait réalité. J'allais devenir papa, et cela ne pouvait qu'emplir mon cœur de joie. J'avais tout prévu. Très vite, j'avais commencé à déplacer les meubles dans notre petite maison. En fabriquant la plupart, nous avions commencé à préparer la venue de notre fils, ou du moins nous l'espérions que ce serait un fils, le ventre de Carolyn s'arrondissant au fur et à mesure. Je vivais dans un rêve, tout simplement. Un rêve qui finirait par devenir un cauchemar. Car au bout de son sixième mois de grossesse, Carolyn tomba malade. Ce que l'on pensait n'être qu'un petit rhume, se révéla être bien plus grave, et bien plus dangereux pour la survie de ma femme qui, contre toute attente, refusa tout traitement, de crainte de nuire à la vie de l'enfant qu'elle portait. Je me souviens encore de ce moment où elle pris ma main dans la sienne, ses doigts serrant faiblement les miens, me disant qu'elle m'aimait et qu'elle était désolée de m'avoir déçue ainsi. Un mois après le diagnostic, Carolyn s'éteignait dans notre lit, emportant avec elle notre petit garçon, et tout mes rêves en même temps. Cette nuit là, je n'avais pas seulement perdu ma femme, mais tout ce dont j'avais pu croire un jour. Et pourtant, elle ne m'avait jamais déçue. Je l'avais aimée jusqu'à son dernier souffle, et ce fut la mort qui nous sépara, comme il avait été déclaré dans nos vœux de mariage.
Je m'étais ensuite renfermé sur moi même. J'avais perdu toute raison de vivre. Ou plutôt, j'avais perdu tout ce qui me tenait à cœur. Souvent, je me retrouvais devant le berceau de mon fils, m'asseyant sur le siège à bascule que j'avais fabriqué pour l'heureux évènement, la dessinant telle que je l'avais connue. Souriante, les yeux pétillants, sublime dans sa robe fleurie. Souvent, c'était son visage que je dessinais, bien loin de la dernière image qu'elle m'avait offert, son corps brisé par la maladie. Je passais mes soirées à cela, quand je n'étais pas dehors à boire plus que de raison. Et de ce côté, je devais avouer que la présence de Peter et les autres m'était plus que nécessaire. Ils étaient ma bouée de sauvetage, mon échappatoire dans ce monde que je trouvais désormais trop fade. J'avais vingt cinq ans, et je venais de toucher le fond. Ou du moins, ce que je pensais être le fond. Vu mon état de l'époque, je ne pouvais pas vraiment être sur que c'était bien le fond. C'était peut être le trente sixième dessous, je n'en étais pas sur. Finalement, ce fut ma famille qui m'aida à m'en sortir. Un soir tout à fait ordinaire, ce fut Shoshanna qui passa à la maison. Son fils, Hanael, venait d'avoir six mois, et je ne l'avais pas vu depuis déjà longtemps. Et je devais dire qu'elle nous avait fait un beau bébé. C'est en le prenant dans mes bras, le petit garçon posant sa petite main sur ma joue, que je réalisais que je voulais toujours cela. Un enfant, le portrait craché de sa mère, me souriant en me reconnaissant alors que je rentrais à la maison après une dure journée de labeur. A croire que Shoshanna savait exactement ce dont j'avais besoin. Depuis ce jour là, j'essaye de tout faire pour m'améliorer, et d'avancer.
Aujourd'hui, malgré le décès tragique de ma femme et de mon enfant à naître, je fais de mon mieux pour garder le cap, et pour accomplir ce rêve qui est toujours le mien. Pour cela, j'ai même acheté une vieille bâtisse que j'essaye tant bien que mal de retaper durant mon temps libre. Là bas, j'y ai entreposé mon atelier, où je dessine toujours. Un vieux piano y a également élu domicile, me permettant de me vider la tête. Bien sur, mes mauvaises habitudes ne m'ont pas quittées. Avec ma bande de copains, nous continuons à hanter les bars clandestins, écoutant du jazz et buvant à tout va. Je pourrais vous donner pas mal d'anecdotes à ce sujet, mais cela pourrait prendre du temps. En attendant, je continue à vivre ma vie comme si tout allait bien, alors que parfois, je ne souhaite que retrouver ce que j'ai perdu il y a de cela bien longtemps.

crédit © Bazzart, Livejournal & Tumblr

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