histoire

and let my story begin

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I was born this way

Cinderella est née le 30 décembre 1902, dans une petite famille de Rhode Island. Petite ? Ce n’est peut-être pas le mot que j’emploierais. Pauvre ? Surement. Son père n’a jamais été là pour elle. En effet, alors qu’elle arrivait tout juste dans le ventre de sa mère, James O’Malley retournait dans son pays natal, l’Irlande, pour faire régner son rôle de patriarche au sein de sa famille de six enfants. La petite Cinderella n’a donc jamais connu son père et cela ne l’a jamais gêné. Margareth, la mère de la petite, l’a donc porté seule, supportée principalement par sa famille ouvrière. Obligée de travailler pendant sa grossesse à l'usine, elle n’a pris que très peu soin d’elle, l’argent comptant plus que sa personne. Sa famille s’est inquiétée, sa mère surtout, et sa sœur, Juliet. Ils ont eu raison. En effet, après un accouchement difficile, Margareth Gillan, issue d’une famille d’immigrés irlandais, meurt en donnant naissance à son seul enfant, Cinderella.
Pourquoi Cinderella au fait ? Parce qu’elle est née dans les cendres de la cheminée ? Parce qu’elle était pauvre et que ses parents étaient morts ? C’est presque cela. En fait, juste avant de mourir, la mère de la petite a dit ceci. « Elle s’appellera Cinderella car je veux que, comme dans le conte de fée, ma petite chérie sorte de la misère et devienne riche. L’Amérique l’aidera, j’en suis sûre, à devenir la femme que je n’ai pas pu être et à avoir tout ce dont elle rêve. » Cinderella Cléo Gillan est donc née le 30 décembre, après Noël, mais avant la nouvelle année qui s’annonçait brillante et illuminée.
On l’a toujours appelé Cinderella, ou Cindie, bien qu’elle détesta ce surnom vulgaire. Elle vécut avec ses grands-parents et le reste de sa famille dans une maison délabrée. Petite chipie, tout le monde ne pouvait que l’aimer. Elle venait dans l’usine apporter à manger aux membres de sa famille. Les yeux grands ouverts, elle observait leurs gestes mécaniques et essayait de les imiter. Tout le monde l’aimer. Lorsqu’elle rentrait chez elle, elle jouait avec ses cousins, cousines et voisins. Elle n’était pas spécialement jolie mais on ne pouvait résister à ses petites boucles blondes et à son teint pâle, qui rappelaient les femmes de bonne condition. Elle ne prenait cependant pas très soin d’elle, courant dans les rues à toute vitesse avec des garçons de son âge ou refusant de prendre son bain. Un vrai garçon manqué ! Elle n’avait également aucune manière et était plus maladroite qu’un funambule sur un fil. Cependant, son rire, sa joie de vivre, ses bêtises et ses enfantillages avaient le don d’illuminer la maison. Elle n’a jamais été sage. Folle ? Oui, et ce encore aujourd’hui.
Un jour, sa tante Juliet, lui raconta l’histoire de sa naissance. Elle avait alors six ans. Elle l’écouta avec attention, des étoiles dans les yeux et un sourire impatient aux lèvres. Elle était destinée à s’en sortir, à quitter Rhode Island et la pauvreté pour l’Amérique, la liberté et la richesse. Lorsque sa tante s’en alla, elle ne put s’endormir, rêvant du jour où elle deviendrait une étoile, une belle et riche étoile.

I will be a star

C’est à partir de ce moment que tout changea. Bien sûr, elle resta la petite peste que tout le monde connaissait, mais essaya également de jouer les dames de bonnes familles. Cela a bien fait rire la maisonnée, surtout lorsqu’elle était enfant. Elle commença à donner des numéros de danse mais ressemblait beaucoup plus à un clown qu’à une danseuse de cabaret. On l’applaudissait car tous croyaient qu’elle se moquait de cette vie d’artiste faite de liberté, certes, mais aussi et surtout de misère. Elle n’en a cependant pas démordu, continuant de jouer les étoiles. Sa caverne d’Ali Baba devint rapidement l’atelier de couture dans lequel travaillait une cousine. Alors qu’elle n’avait encore que neuf ans, elle venait lui rendre visite, jouait avec les chutes de tissus et essayait de se faire des tenues.

Elle se mit à acheter également des journaux, dans lesquels on pouvait apercevoir les actrices et danseuses de cabaret, les femmes riches de bonne condition qui roulaient en voiture dans les grandes rues de New York. New York ! La ville étoilée, où on faisait d’une petite fille sans le sou, une belle et riche femme du monde. Elle commença à prendre la pose devant les miroirs de la maison, essayant de ressembler à ces femmes que l’on voit dans les journaux.

Ce rêve, elle le fit partager à ses amies et cousines. Il était bien loin le temps où elle courrait dans les rues pour faire la course. Toujours maladroite et enfantine, elle essayait d’imiter les danseurs de claquettes. Une personne crut cependant en elle. Une personne qui désirait la même chose et le même avenir. Cette personne ? Nina Falcone, fille d’une couturière et d’un militaire, prêt à partir pour la guerre. Elle était comme elle, sans le sou, et rêvait de rendre sa famille heureuse en obtenant un travail à New York comme danseuse. Elles s’entrainèrent donc toutes les deux, devenant presque des sœurs, en tout cas, se considérant comme telles. Nina avait plus de charme, avait deux ans de plus que Cinderella, et avait des yeux bleus qui contrastaient avec ses cheveux bruns. Elle avait également plus de grâce et ses gestes étaient moins calculés que la petite blonde. Cependant, elles ne ressentirent jamais de la jalousie l’une envers l’autre, conscientes qu’elles devaient travailler ensemble pour s’en sortir. Nina était également plus calme et timide comparée à Cinderella qui était l’extravagance et la folie incarnée.

Pendant quatre ans, le temps de la guerre, les petites, qui étaient à présent de belles adolescentes, continuèrent de rêver au moment où elles seraient à New York. Elles continuèrent de danser, au son de la radio qui commençait à faire son apparition et de chanter à tue-tête les chansons du moment. En 1916, Nina se vit même proposer un travail dans le pub du coin en tant que danseuse et chanteuse, chose qu’elle n’accepta qu’à condition que Cinderella l’accompagne. Les fillettes firent donc chavirer les cœurs des jeunes sortant de l’usine, au son de leur voix légères et fluettes. C’est cette fameuse année qu’un jeune homme remarqua notre petite blonde. Son sourire, sa sociabilité ne l’avaient en effet pas laissé indifférent. Il vint tous les soirs la voir, sortant de l’usine dès que la cloche sonnait pour filer chez lui et mettre ses plus beaux vêtements. Au début, elle ne le remarqua pas, bien trop intéressée par les acclamations d’un public masculin plus mur et plus riche. Il se lança donc un jour, après son numéro, et alla la voir. Là, il lui fit comprendre qu’il était amoureux d’elle. Il avait alors dix-huit ans. Allez expliquer cependant à une gamine de quatorze ans ce qu’est l’amour ! Elle ne connaissait rien à ce jeu-là. Il vint donc la voir ainsi pendant deux longues années, pendant lesquelles il lui apportait des fleurs et des chocolats qu’il achetait avec sa maigre paye. Elle ne refusa rien, à part ses quelques demandes qu’elle trouvait déplacées. Sa famille découvrit leur « liaison » et crut d’abord qu’elle était d'ordre sexuel. Outrée par un tel manque de confiance, elle se défendit comme elle put mais ne réussit pas à les faire changer d’avis. Elle partit donc dans les rues de la ville et ne revint que le lendemain matin, son amour ayant été consommé avec ce jeune homme, de quatre ans son aîné.

New York, New York

Pendant un an, elle resta avec Oliver, le jeune homme à qui elle avait offert sa virginité. Elle devint petit à petit amoureuse, rêvant toujours cependant de son riche futur, New York. A chaque fois qu’elle finissait son numéro, elle sautait de la scène pour rejoindre son amant, et l’embrassait à pleine bouche, oubliant les regards qui se posaient sur elle. Il était petit à petit devenu un membre de sa famille, bien que certains aspects de leur relation ne soient toujours pas appréciés. Elle commençait à l’aimer, certes, mais elle savait que ça ne durerait pas. Il faudrait qu’elle parte, un jour ou l’autre, et il était inconcevable pour elle qu’il la suive. Pendant un an, elle et Nina chantèrent donc dans ce pub et furent acclamer par les gens de la ville. On commença à les appeler les « Road Twins » et elles aimèrent leur notoriété.

Un jour leur rêve se réalisa enfin. Un producteur newyorkais, qui avait apparemment entendu parler d’elles, enfin, c’est ce qu’il disait, leur promit la fortune et, bien entendu, New York. Il leur proposa donc un contrat, promettant de les emmener dans la plus belle ville du monde et de faire d’elles des stars. Sans plus attendre, elles acceptèrent. Ça avait toujours été leur rêve. Lorsque Cinderella annonça la nouvelle à sa famille, ce fut la catastrophe. Sa grand-mère faillit avoir une attaque, Juliet commença à prier le Seigneur et on entendait des cris et des insultes fuser de tous côtés. Oliver était là lui aussi, mais ne disait rien, la regardant avec un air sérieux, essayant de se persuader peut-être qu’elle prenait la bonne décision. Elle essaya de s’expliquer mais rien n’y fit. « Tu finiras dans la rue, dans la misère et dans le caniveau », « Qu’est-ce que ta mère dirait si elle te voyait ? Nous ne t’avons pas élevé comme cela ! », « Pourquoi ne resterais-tu pas ici, tu as un métier, une réputation ! Pourquoi te perdre à New York ! » Elle avait écouté toutes ces remarques calmement et avait répondu finalement « Parce que c’est ma destinée ! Ma mère a voulu cela, il faut que j’y arrive ! ». Elle était ensuite montée dans sa chambre pour préparer ses affaires, n’emportant que deux souvenirs de son enfance, sa tour de bâtons de sucette et sa Ginger.

Oliver ne la laissa pas partir si facilement. Il voulut les accompagner, trouver un travail à New York afin qu’elle puisse vivre la vie de star sans le côté misérable de l’artiste. Elle avait hésité mais s’était dit qu’une danseuse déjà engagée l’empêcherait d’avoir de fidèles clients. Il serait plus un boulet qu’une bouée de secours. Elle était donc partie, embrassant pour une dernière fois les lèvres froides de son amant et lui promit qu’elle reviendrait un jour, pour lui, chose qu'elle ne fit jamais.

Une fois à New York, leur impresario leur trouva une chambre, dans laquelle elles s’installèrent toutes les deux. Le soir même, elle devait passer dans un cabaret de quartier pour devenir danseuses. Cinderella devint alors Cléo, son premier prénom étant trop vulgaire. Cléo, au moins, était une muse et rappelait la grâce. Pendant six mois, elles dansèrent donc toutes les nuits et de plus en plus d’hommes vinrent les voir. Elles commencèrent aussi à avoir des amants, des clients qui leur promettaient les étoiles. Cléo était la plus déjantée des deux et collectionnait les hommes comme les bâtons de sucette. Nina quant à elle, prenait son temps et préférait user de ses charmes pour faire avancer sa carrière. Cléo s’en fichait. Elle était à New York, avait de l’argent, grâce à ses amants, et pouvait le dépenser dans des bagatelles comme les vêtements, les chaussures ou les accessoires. Un an passa et Nina devint de plus en plus belle. Ses numéros étaient exceptionnels, ainsi que sa voix. Un homme riche vint lui demander sa main, ne pouvant supporter l’idée qu’elle voit d’autres hommes. La brunette était amoureuse et sa timidité avait charmé son prince charmant. Elle partit donc avec l’homme de ses rêves qui la tira de sa condition misérable. A cette nouvelle, Cléo se sentit abandonnée. Bien sur, son amie lui avait promis de revenir la voir et de lui donner de l’argent si elle en avait besoin. Trop fière peut-être, elle a toujours accepté ses visites mais jamais sa richesse. Elle fit comme si tout allait bien et continua d’avancer malgré ses prestations passables et la pauvreté. Ses amants l’aidèrent à survivre. Avec le temps, cependant, ce côté extraverti et enfantin intéressa quelques hommes et particulièrement un impresario qui lui promit une place en tant que danseuse de revue au Palace Theatre. Elle continue de jeter l’argent par les fenêtres, de prendre la vie comme elle venait et devint, à 22 ans, l’une des danseuses d’un des plus beaux endroits de New York. Il ne manquait plus qu’un prince charmant riche pour couronner le tout.

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