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Sujet: Anushka Tasarov Dim 15 Avr - 23:21
Anushka Tasarov
Les prostituées sont des femmes du monde à l’état brut.
INVENTÉ POSTE-VACANT SCÉNARIO
ÂGE ϟ Vingt-deux ans. SURNOM ϟ De nombreux surnoms lui ont été donné. Ana, Tashka, Nushka... Ils étaient utilisés par ses proches, dans un temps qui semble bien lointain. Rares sont ceux à les employer maintenant. DATE ET LIEU DE NAISSANCE ϟ Elle est née à Moscou, le 2 janvier 1902. EMPLOI ET OCCUPATIONS ϟ Le plus vieux métier du monde, c'est ainsi qu'on nomme son "emploi" lorsqu'on a la langue de bois. Anushka est une prostituée, non pas de luxe, mais réservée aux clients importants. Et puisqu'elle parle russe, pourquoi ne pas s'en servir pour communiquer avec quelques gros bonnets de la mafia, et lui faire faire quelques commissions ponctuelles ? Les proxénètes sont des gens aux ressources inépuisables, le trafic d'alcool en est une. SITUATION FAMILIALE ET AMOUREUSE ϟ Il ne reste plus grand monde de sa famille. Les plus proches ont subi les brusques changements de la Russie, et reposent en paix. Elle a laissé les autres à Moscou et dans les alentours de la ville, et sans doute la croient-ils morte elle aussi. FORCES ϟ C'est une battante. Sans cela, et une certaine dose d'obstination, elle ne se serait pas donné la peine de continuer. Elle est là sa force : penser qu'au fond, quand les choses ne peuvent aller plus mal, elles finissent par s'arranger. Difficile pour l'heure de lui en citer beaucoup d'autres. FAIBLESSES ϟ La drogue, sans le moindre doute. Anushka en est dépendante, et elle en est bien consciente. La drogue qui la rend si blasée, amorphe parfois, la retient à son mac et lui a presque fait perdre conscience de ce qu'elle est devenue. PEURS LES PLUS SOMBRES ϟ Elle craint la mort. C'est peut-être bête à dire, mais le néant et l'incertitude de ce qu'il y a après l'effraient. Elle redoute les crises de manques, qui l'abattent trop facilement à son goût. Mais par dessous tout, ce dont elle a peur, au fond, c'est de végéter dans sa misère jusqu'à ce que la vie en ait marre d'elle. RÊVES POUR LE FUTUR ϟ Dans ses moments de lucidité : s'en sortir, c'est évident. Elle ne voit pas plus loin pour le moment ; chaque chose en son temps. Mais encore faut-il qu'elle soit lucide. Autrement, le mot futur la fait bien rire. SIGNES PARTICULIERS ϟ Il fut un temps où Anushka jouait du violon, et où l'on pouvait difficilement passer à côté la connaissant. Mais est-ce encore à noter, étant donné qu'elle n'a plus de violon ? On remarque plutôt cette longue cicatrice sur son bras droit, qu'elle dissimule comme elle peu. Les plus proches, enfin, vous ferons part d'une peur irraisonnée de l'orage. TRAITS DE CARACTÈRE ϟ Anushka est blasée et cynique, c'est l'une des premières choses qu'on vous dirait sur elle si vous interrogiez ses connaissances. Cynique, et plus ou moins résignée selon les moments. Elle ne rit pas beaucoup, sauf quand elle est vraiment shootée, et n'est pas particulièrement bavarde non plus - juste ce qu'il faut pour faire son métier, me dire-vous. Elle a bien conscience que sa vie ne vole pas très haut, mais parfois, elle préfère l'oublier, et ne pas chercher à réaliser ce qu'on lui fait faire. Elle est fragile, surtout, mais ça, difficile de s'en rendre compte. En fait, elle est surtout paumée. Dans une autre vie, sans doute aurait-elle été une jeune femme active, dynamique, avec, certes, la tête sur les épaules, mais assez de jugeote pour se laisser rêver. L'ambition aurait été l'une de ses qualité, et sa curiosité, un vilain défaut. Sa passion pour la littérature, et Tchaïkovsky n'aurait pas semblé avoir disparu, et avec elles, sa capacité à s’émerveiller de tout comme un enfant. GROUPE ϟ Music Hall.
crédit Shiya, Shiya & TUMBLR
and all that jazz
Voulez-vous coucher avec moi, ce soir ?
Au rayon des amours à vendre, on m’a mise à dix-sept ans. Je n’ai pas cessé d’apprendre : le mâle était dieu, et je jouais le jeu, mais j’en ai gardé gros sur le cœur. Et en fin d’compte, je suis un être humain. Dieu merci, tout passe ici bien vite. Passe l’amour et passent les regrets. Hier tu pleures, où sont tes larmes ? Où est la neige qui tombait l’an dernier ? On a moins de peine à se vendre à mesure que passe le temps. Les clients se font moins attendre, mais les sentiments ne sont plus très ardents quand on les gaspille à tous les vents. Et en fin d’ compte, mes réserves s’épuisent. Dieu merci, tout passe ici bien vite. Passe l’amour et passent les regrets. Hier tu pleures, où sont tes larmes ? Où est la neige qui tombait l’an dernier ? Au rayon des amours qu’on paie, on a beau comprendre vivement : transformer l’désir en monnaie, c’est jamais marrant, on s’y fait pourtant, mais un jour, la vieillesse vous surprend. Et en fin d’ compte, on n’a pas toujours dix-sept ans Dieu merci, tout passe ici bien vite. Passe l’amour et passent les regrets. Hier tu pleures, où sont tes larmes ? Où est la neige qui tombait l’an dernier ?
Nanna's Lied, Kurt Weil & Bertold Brecht
Anushka a peur de l'orage. Elle est droguée, et dépendante. Elle est russe et a entendu mourir sa famille. Elle ne refuse pas un verre pourvu qu'il lui soit offert. Elle fume quand elle a des cigarettes. Elle dépend d'un proxénète nommé Jack. Elle est cynique, blasée, paumée. Mais au fond, tout au fond, elle espère s'en sortir. Elle aime le chocolat et le rhum. Elle joue du violon et adule Tchaïkovsky. Elle sait parler russe, anglais et elle a des notions de français. Il fut un temps où elle lisait beaucoup. Elle connait des poèmes de Baudelaire par coeur. Elle est (très) douée au lit. Elle trempe dans divers trafics sans s'en rendre bien compte. Elle n'est pas dans les moyens de tout le monde.
Ladies ans gentlemen, nous avons aujourd'hui le plaisir d'accueillir Anushka Tasarov ! Bonjour et bienvenue sur la radio AT&T's, nous avons préparé quelques questions pour vous. Premièrement, tout le monde aimerait savoir ce que vous pensez des bars clandestins et du jazz, ne vous inquiétez pas, ça ne sortira pas d'ici ! « Les bars ? Ils rapportent, c'est clair. L'alcool rend les clients un peu plus cons que d'habitude, alors ils consomment. En alcool, et en sexe, je veux dire. » Oh, je vois... Ainsi, votre avis concernant la Prohibition ... « Ahah, bien tenté les mecs, mais loupé. Je ne sais pas ce qui leur est passé par la tête mais... 'faut vraiment avoir un grain pour penser qu'un truc pareil peut fonctionner ! » Oh ! Dans ce cas, buvez-vous de l'alcool ?« Quand c'est proposé, un verre ne se refuse pas. » Personne ne vous juge, ne vous inquiétez pas. Et, dites-nous, New York, en un mot, c'est quoi pour vous ?« L'Enfer. Mais au moins, ça paye mieux qu'en Europe. » Comme je vous comprends ! Pourriez-vous donc nous donner votre point de vue sur l'époque que nous vivons ?« Pour pas mal de gens, ça ne doit pas être si mal. » Et bien, je vous remercie pour cette interview plus que constructive, je vous laisse passer dans la seconde salle pour un moment plus intime avec nos auditeurs.
Et maintenant, vous voici de l'autre côté du rideau mwahaha ! Parce qu'on adore les endives jambon, dis-nous de quelle couleur tu préfères tes chaussettes mon pote ! « Rose à pois verts, je trouve ça classe 8D. » Ohoho, c'est le Père Noël ! Et à part lui, c'est qui ton modèle sur Terre ?« Comment osez-vous penser qu'il puisse y en avoir un autre ?! » Oui non mais c'est bon, on a compris que tu voulais des cadeaux. Ça ne te suffit pas déjà, tes tartines beurrées tous les matins ? Faut en plus que tu demandes autre chose ? Les jeunes, de nos jours. Bon, alors, parce que je suis vraiment généreux, tu préfères le théâtre, le cinéma, ou le cabaret ?« Le théâtre, parce que le théâtre, c'est magique, à voir comme à jouer ! » Ben oui, c'est pour t'offrir une place, rohlala. Bon, au monde je suis fixé. Et, dis-moi, où est ton lieu favori dans le monde entier ?« Paris, c'te ville magique ! » Ohh, charmant ! Donc tu dois aimer la patate douce ! Et, par pure curiosité malsaine, ton morceau préféré de nos Roaring Twenties ! « Let's do it, de Cole Porter ! (merci Midnight in Paris... eheh) » Oooh, le grimpeeeur ! Et pour terminer cette magnifique et constructive entrevue, dis-nous, le plus important ... Tu aimes le fromage de chèvre ?« ... je ne répondrais rien sans la présence d'un avocat ! » Merci à toi poto, n'hésite pas à revenir faire un tour par ici !
crédit icon1, icon2, icon3 & icon4
mon moi et moi
PRÉNOM OU PSEUDO ϟ J'ai pas de pseudo, mais vous pouvez m'appeler Schizo Marie TON ÂGE & SEXE ϟ Hermaphrodite, mais uniquement le côté féminin, bientôt 1900 ans DÉCOUVERTE DU FORUM & AVIS DESSUS ϟ Il est nul. Et moche. C'est pour ça que je m'inscris, en plus du fait qu'il y a une pote qui m'a forcée PRÉSENCE DESSUS ϟ 36 heures par jours, je crois. CONNAISSANCES ET AVIS SUR LES TWENTIES ϟ Wikipédia est mon ami \o/ TA CHANSON DE JAZZ ϟLet's do it, Cole Porter AVATAR ϟ Taylor Warren LA TAILLE DE TON GROS ORTEIL ϟ Six mètres CODE DU RÈGLEMENT ϟ You can even marry Harry UN DERNIER MOT ϟ eheh
crédit TUMBLR
Dernière édition par Anushka Tasarov le Mar 24 Avr - 21:59, édité 9 fois
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Sujet: Re: Anushka Tasarov Dim 15 Avr - 23:21
histoire
why live life from dream to dream, and dread the day when dreaming ends...
1912 : MOSCOU
l'enfance, ce joli coin de paradis
La fillette laissa lentement mourir la dernière note, appuyant de plus en plus légèrement sur l’archet jusqu’à ce qu’il ne semble plus que caresser les cordes. Il y eut comme un écho, léger, à peine perceptible à vrai dire, puis le silence se fit. Dans la grande salle, pendant un court moment, plus un bruit ne se fit entendre. C’était le plus joli passage du morceau, celui où le public comme les instruments se taisaient, et faisaient durer la musique alors même qu’elle s’était éteinte. Mais il fallait savoir en profiter car il était bref, très bref. Et soudain, commencèrent les applaudissements. Anushka leva les yeux de son violon pour les poser sur les nombreuses silhouettes soudain debout face à elle, un immense sourire aux lèvres. Elle avait réussi, ils avaient tous réussi. Et avec brio, à en voir l’enthousiasme du public ! L’orchestre, composé de jeunes gens âgés de dix à quinze ans, salua comme il se devait son auditoire, puis quitta la scène, laissant place aux musiciens plus expérimentés. Une fois dans la coulisse, Anushka sauta au coup d’Olga, sa compagne de toujours, trépignant de toutes ses forces. Ce concert avait été une réussite pleine et entière, et après avoir soigneusement rangé son précieux violon, elle courut dans la salle faire partager sa joie avec ses parents qui l’y attendaient.
Anushka Tasarov, alors âgée de dix ans, n’en était pas à ses premiers pas de violoniste. Fille de deux fameux éditeurs russes, elle était tombée dans la musique dès son plus jeune âge. On lui racontait souvent que sa mère lui avait donné la vie dans une salle à l'écart, alors qu'elle assistait à un ballet de Tchaïkovsky, entre deux piles de romans en menaçant de faire subir les foudres de son courroux à celui qui s’aviserait de fermer la porte, de sorte qu'elle ne pourrai tplus entendre notes rassurantes de la Valse des Fleurs. Connaissant Inga Tasarov, personne n’avait osé faire quoi que ce soit, et c’est au beau milieu du plus doux des morceaux du Casse-noisettes que son premier enfant avait vu le jour. Une petite fierté, n’hésitait-elle pas à clamer, d’autant que c’est cette anecdote qui avait d’abord décidé la toute jeune demoiselle à se lancer dans la tâche ardue de devenir une violoniste de talent. Le résultat n’était certes pas encore là, mais après tout, elle n’avait que dix ans.
Veillant à ne pas avoir l’air trop excitée, et à ne pas courir, Anushka retrouva rapidement Inga et Vasily Tasarov qui la guettaient depuis sa sortie de scène, une coupe de champagne à la main. « Tu a été superbe, chérie ! lança sa mère en se penchant vers elle. Le dernier mouvement n’a jamais été aussi bien réussi que ce soir ! - Tu es sûre, maman ? - Evidemment qu’elle l’est, renchérit Vasily en lui posa doucement la main sur la tête. Je suis fier de toi, ma fille. » Si ses parents n’étaient pas d’ordinaire particulièrement avares de compliments, ceux-ci la touchèrent tout particulièrement, et attachèrent à ses lèvres un sourire qui ne la quitta plus de la soirée. Avoir leur avis était la première des choses qu’elle faisait, à chaque fois qu’elle jouait. Après, et seulement après, elle pouvait s’en retourner vaquer à ses occupations.
Ayant goûté pour l’occasion à sa première gorgée de champagne, Anushka ne tarda pas à rejoindre Olga, restée auprès des quelques enfants assez doués pour avoir été admis avec elles à l’orchestre. On avait pour habitude de dire que ceux-là étaient promis à un brillant avenir, car destinés à se produire devant le Tsar lui-même, qui ne manquait jamais de remarquer les plus talentueux. Il se murmurait également que l’on y trouvait guère que l’élite de la société russe, ce qui n’était pas faux non plus. Et pourtant, se mêlaient dans ces familles sur leur trente et un toutes sortes de spécimens : de l’ancienne noblesse au nouveaux bourgeois, en passant par ce couple qui n’aurait jamais ne serait-ce qu’entraperçu un quart de tout ce qu’ils voyaient là si leur fils n’avait pas eu un véritable don de pianiste. A la fois proche fois proche et indépendante du pouvoir, cette sphère toute particulière, ce petit groupe niché au cœur de la grande société russe avait fini par se constituer comme un noyau à part. S’y côtoyaient vieilles idées et envies de changement, le tout dans une harmonie assortie à celle que l’on venait entendre sur scène. Ce monde-là, jamais Anushka n’aurait songé avoir à le quitter. Mais si la vie est un long fleuve, il avait déjà depuis bien longtemps été avéré que ce fleuve n’avait rien de tranquille.
1914 : MOSCOU
pour parler de la guerre, il n'y a que les larmes
« … Et puisque que l’Allemagne nous a déclaré la guerre, nous répondrons, nous aussi, par la guerre. » Malgré les crachotements de la TSF, et les régulières interruptions dont il fallait s’accommoder, les mots de Nicolas II furent terriblement clairs aux oreilles d’Anushka. A entendre la voix grave, déterminée et sereine du Tsar, il n’y avait dans cette phrase rien que de très naturel. Une évidence, une annonce à laquelle tous s’attendaient, tant il y avait longtemps que la guerre semblait inévitable. L’attentat de juin dernier, les mobilisations, les ultimatums… Aux observateurs avertis, il ne faisait depuis deux mois nul doute que l’Europe allait à nouveau s’embraser, qu’il ne suffisait plus que d’une étincelle pour allumer l’immense brasier des alliances et des tensions. Mais pour la jeune Tasarov, aussi perspicace soit-elle, l’annonce de la guerre avait ce parfum d’angoisse et de mort dont une vie tranquille l’avait jusque là préservée.
En un bond, elle fut debout et abandonna son roman passionnant pour courir vers son père qui, le visage tendu, venait d’éteindre le poste flambant neuf. Un instant, la fillette de douze ans songea que cet objet de malheur ne faisait que ramener plus près d’eux encore les mauvaises nouvelles, mais ne fit pas de commentaire. Des questions plein les yeux, elle se laissa tomber sur le fauteuil face la haute silhouette du seul homme de la maison, genoux ramenés contre sa poitrine. Olga lui avait dit, quelques jours plus tôt, que son père avait été mobilisé. Plus que tout au monde, elle priait pour que ça ne soit pas le cas du sien. « Tu vas partir à la guerre… ? demanda-t-elle d’une toute petite voix. » A ces mots, Vasily eut un sourire rassurant, et alla s’accroupir auprès du siège sur lequel elle s’était recroquevillée. « Pas pour le moment. Mais si on me le demande, alors il faudra bien que je parte. » Anushka hocha la tête, bien que peu enthousiaste à l’idée qu’on vienne réclamer quoi que ce soit à son père un jour. Néanmoins, elle ravala l’angoisse qui lui nouait la gorge, et se redressa légèrement. Pour que tout aille au mieux, il faut masquer son inquiétude, c’est ce que lui avait toujours dit sa mère, laquelle restait digne en toutes circonstances. Ainsi, on ne sent pas ton inquiétude, et on ne peut pas en profiter. Et c’est toi qui dirige, avait-elle ajouté, faisait ce jour-là une forte impression sur sa fille.
C’était bien la première fois qu’Anushka avait réellement besoin de mettre ces conseils en pratique. Elle avait jusque là grandi au sein d’un milieu aisé, entourée de l’amour de ses parents, et d’amis tels que d’Artagnan et autres héros de roman en plus des quelques enfants qu’elle fréquentait à l’école. Rares avaient été les ombres au tableau, ou du moins étaient-elles bien trop éloignées, bien trop en dehors de son petit univers pour que la fillette en ait conscience. La paix intérieur de la Russie n’était pas sans connaître quelques troubles pourtant, mais rien que ne semblât pouvoir atteindre la sérénité dans laquelle elle avait vécu jusque là. Mais à quelques douze années de vie seulement, on ne pouvait guère que lui souhaiter que cette tranquillité continue… pour quelques années au moins.
Les premières angoisses de l’annonce de la guerre passée, la vie reprit un court à peine perturbé. Il s’avéra deux semaines plus tard que Inga était à nouveau enceinte, et c’est cette nouvelle ainsi que d’utiles relations qui permirent à Vasily de passer au travers des mailles pourtant serrées du filet de la mobilisation. Anushka fut ravie de se savoir bientôt grande sœur, et se hâta de mettre au courant chacune des personnes de son entourage susceptible d’y porter un quelconque intérêt. Et surtout Sergeï, son cher Sergeï. De quelques années plus âgé qu’elle, ce jeune homme qu’elle avait rencontré à l’orchestre semblait l’avoir prise sous son aile depuis un malheureux jour de répétition où l’orage avait éclaté. Anushka avait toujours redouté l’orage, sans qu’il n’y ait une véritable raison à cela. Les coups de tonnerre la laissaient tétanisée, et il était bien difficile de réussir à lui faire faire quoi que ce soit temps que le temps n’avait pas tourné. L’ayant trouvée prostrée dans un coin, Sergeï lui avait tenu compagnie, et la fillette ne l’avait pas quitté depuis. Elle avait pour lui cette admiration enfantine, de celle que l’on voue aux plus grands quand on aspire à grandir, et aimait à écouter ses drôles d’idées sur ce que pourraient être la vie en Russie, le fonctionnement de la société, et pourquoi pas le monde. Des idées qui n’avaient pas fini de gagner le pays, et auraient sur sa vie des conséquences qu’elle ne pouvait soupçonner. Mais l’un dans l’autre, à ses yeux de gamine, elles n’étaient pas si mauvaises.
1918 : MOSCOU
la liberté a parfois les mains rouges de sang
Le temps était à l’orage. Littéralement parlant, certes, mais pas seulement. Si le ciel avait bel et bien viré au noir et tonnait depuis de longues minutes déjà, il n’était pas le seul à se faire menaçant. Tout le pays, aussi vaste soit-il, grondait. Aux remous de la guerre qui s’était répandue telle la peste dans l’ensemble du monde, s’ajoutaient ce que l’on n’osait encore nommer autrement que troubles civils. Mais encore une fois, il fallait admettre les choses, et se rendre à l’évidence : la guerre civile guettait. Depuis que Nicolas II avait abdiqué, que le peuple à bout de souffle avait refusé de voir monter son frère sur le trône, une sombre anarchie gagnait peu à peu une Russie méconnaissable. Bolchéviks et contre-révolutionnaires ne cessaient de s’affronter, et le nombre de victimes, jusque là limité, s’accroissait de semaines en semaine. A toute révolution, il faut du sang, et peu à peu, les terres russes rougissaient.
Blottie dans son lit, serrant un peu plus les poings à chaque nouveau coup de tonnerre, Anushka était ce jour-là bien trop submergée par une peur qui ne passait décidément pas pour se rendre compte que quelque chose de plus que l’orage grondait dehors. Mise au fait par son père des évènements, elle ne comprenait encore que confusément les évènements de la dernière année écoulée. Du haut de ses seize ans, cette jeune fille curieuse, l’esprit vif, et la déduction facile avait bien saisi l’importance de ces bouleversements, et plus encore, celle de devoir se faire discret. La famille Tasarov était en effet dans une position délicate car, sans avoir ostensiblement soutenu le pouvoir tsariste, relativement proche de l’ancien pouvoir. Rester passive face aux évènements n’était pas dans ses habitudes, mais d’après ce que Sergueï lui avait appris la dernière fois qu’elle avait pu le voir, personne n’était à l’abri des vendettas auxquelles se livrait le peuple russe.
Elle n’avait jamais oublié à cet avertissement, ignorant simplement s’il trouverait un jour toute sa justification. Elle ignorait alors que tandis qu’elle se recroquevillait de plus en plus sous ses couverture, ce jour avait fini par arriver. Ça n’est qu’avec un temps de retard qu’elle réalisa les étrangers bruits qui se faisaient entendre au pied de la belle demeure qu’ils occupaient, et plus tard encore qu’elle parvint à sortir de sa tétanie pour aller voir ce qui s’y passait. Tremblante, elle dut faire un violent effort, ravalant son angoisse comme on le lui avait appris, pour se lever et soulever un coin de rideau. Dehors, piaffait quelques chevaux, maintenus par deux hommes dont les longs manteaux arboraient les insignes bien connus de la révolution. Livide, elle se figea un instant, alors que des pas retentissaient dans l’escalier. Son premier réflexe fut de retourner à son lit, faire semblant de dormir, mais bien vite, elle comprit qu’une telle ruse ne lui serait d’aucune utilité. Elle était encore debout en chemise de nuit au milieu de sa chambre, hésitante, lorsque la porte de celle-ci s’ouvrit sur trois hommes qu’elle n’avait jamais seulement vus.
« Voilà la dernière ! lança l’un d’eux en la désignant. Descendez-là avec les autres. » Là-dessus, les deux autres la prirent chacun par un bras et la traînèrent dans les marches, en dépit de toute la résistance qu’elle pouvait leur opposer. « Lâchez-moi ! aboya-t-elle en se débattant, sans obtenir la moindre réponse. » Dans le grand salon, son père avait été immobilisé sur le sofa, une arme sur la tempe pour le dissuader de tout mouvement. Non loin, se trouvait Inga, et Anastasia, la dernière née, dont la mère parvenait difficilement à faire taire les pleurs. Anushka les dévisagea tour à tour, avant d’être assise sans ménagement sur le premier fauteuil venu. Au fond de la pièce, son regard s’égara alors sur une silhouette qui ne lui était pas inconnue, mais sur laquelle elle ne parvint à mettre un nom que lorsqu’il se retourna. « Sergueï ? souffla-t-elle, la voix coupée par la surprise. Sergueï ! Qu’est-ce que tu fais ? reprit-elle plus haut. Laisse-nous partir ! Sortez de chez nous ! - Désolée, An’. »
Cette bien piètre excuse marmonnée, il détourna les yeux, les mains crispées autour de la crosse de son arme. Anushka lui dédia le regard le plus noir dont elle était capable. « Désolé ? C’est tout ce que t’as ? T’es qu’en enfoiré ! Tu m’entends ? Un putain d’enfoiré Sergueï ! lui cracha-t-elle plutôt que de céder à l’angoisse. » Rapidement, l’une des hommes lui ordonna de se taire, et pour donner un peu plus de consistance à son ordre, lui pointa un revolver dessus. Aussitôt, elle se crispa. Tout cela ressemblait trop, bien trop à l’une de ces exécutions en règle dont on entendait régulièrement parler. Ignorant l’arme, elle jeta un regard désespéré au reste de sa famille. Elle pouvait parfaitement sentir leur résignation et, l’espace d’un instant, se prit à en être dégoutée. Comment pouvaient-ils ne rien vouloir tenter ? Cette question, Anushka ne devait jamais cesser de se la poser.
Alors que celui qui semblait être le chef de la cavalcade vérifiait le nombre de balle dans son chargeur, Sergeï se pencha soudain vers lui, en lui murmurant quelques mots. L’échange, inaudible à tout autre, ramena le silence dans la pièce. Les yeux plein d’éclairs, furieuse à tel point qu’elle en avait oublié l’orage, Anushka dévisagea celui qui avait été son ami, prête à tenter à nouveau de plaider leur cause. Et dire qu’elle avait écouté ses discours, qu’elle avait même presque adhéré, parfois, à ses belles idées de partage, d’harmonie… Il y avait tant de belles choses dans ce qu’il lui avait dit. Comme à chaque fois, avant les révolutions. Pourquoi fallait-il toujours qu’elles soient noyées dans un bain de sang ? « Sergueï… le supplia-t-elle, alors qu’il tournait les talons et quittait le salon. » Sentant les larmes poindre, elle s’entailla l’intérieur de la joue. Mais au lieu de se mettre à les exécuter un à un, celui qui était venu la chercher dans sa chambre la saisit à nouveau par le bras et, ignorant les protestations d’Inga qui sembla enfin se réveiller, la tira à l’extérieur de la maison.
Une fois dehors, il la lâcha, et se contenta de la prévenir qu’elle avait intérêt à filer avant qu’ils ne changent d’avis. Hébétée, elle l’observa s’en retourner, prenant à peine garde à la silhouette de Sergueï qui était approchée d’elle. « An’… je suis vraiment, vraiment désolé. Je peux pas faire plus… lui lança-t-il. Viens avec moi, je vais te trouver un endroit sûr et… » Il n’eut pas le temps d’en dire plus. Un hurlement le coupa, et soudain, un coup de feu. Puis un second. Il y eut un court silence, et le troisième se fit entendre. Les yeux grands ouverts, Anushka resta comme foudroyée, ignorant les supplications du jeune homme. Ça n’est que lorsqu’il posa la main sur son bras qu’elle réagit. « NE ME TOUCHE PAS ! lui hurla-t-elle en reculant. Vas-t-en ! LAISSE-MOI ! » Tête basse, il obtempéra, la laissant là. Les cavaliers repartirent, et soudain, ce fut le silence. Seule, debout au milieu de son jardin, Anushka pleurait.
Sergueï l’avait sauvée, ce jour là, en la prétendant du côté de la révolution. C’est ce que, des années plus tard, Anushka devait considérer comme la chose la plus absurde qui lui soit jamais arrivé.
1920 : PARIS
au rayon des amours à vendre on m'a mise à dix-sept ans...
« Eh, toi ! C’est combien ? - Cinquante francs. Et tu payes avant. » Lèvres pincées, l’homme à l’allure peu alléchante mais relativement bien fagoté l’observa un moment comme on observe le prochain costume qu’on compte s’acheter, allant même jusqu’à faire un tour autour d’elle. Debout face à lui, Anushka posa une main sur sa hanche, sans prêter attention à son regard. Il y avait belle lurette qu’elle avait arrêté. Lorsqu’ils arrivaient là, les hommes avaient tous le même. Lubrique, intéressé, pervers… celui d’un prédateur qui se délecte d’avance du plaisir qu’il va prendre avec sa proie. Un regard d’homme qui va aux putes, en fait. « Bon ça va. Je te suis, marmonna-t-il une fois son inventaire terminé. - Cinquante, répliqua Anushka en tendant la main. » Un sourire goguenard aux lèvres, il sortit une liasse de billets de sa poche et plaça dans sa paume ce qu’elle demandait. Ça n’est qu’après avoir compté qu’elle leva à nouveau ses yeux éteints vers lui, et hocha la tête, avant de l’entraîner à l’étage du bordel.
Comme à chaque fois qu’elle grimpait ces escaliers – ou d’autres – elle s’interdit de penser. Avec la dose de cocaïne dont on l’avait généreusement gratifiée une heure plus tôt à peine, ça n’était d’ailleurs pas bien compliqué. Il suffisait de se concentrer sur les marches, sur les pas qu’il fallait faire, et d’oublier. Parce que finalement, tout s’oublie, même la misère, quand on s’y habitue. Et en deux, Anushka en avait largement eu le temps. Deux ans, oui. Elle n’avait pas été une proie difficile, il fallait l’admettre. Lorsque Sergueï l’avait laissée dans son jardin, elle était restée une heure debout, sans oser remettre un pied dans la maison. Mais la pluie, et un instinct de survie poussée l’y avaient forcé. Yeux fermés, elle avait attrapé le premier manteau venu pour ne pas voir les cadavres de ses parents et de sa petite sœur baigner dans leur sang, et avait tourné les talons, quittant la grande maison familiale à jamais. Si elle avait ouvert les yeux, sans doute aurait-elle pu voir qu’un corps manquait, celui d’un bébé. Mais elle s’était éloignée, et avait gagné Moscou, en proie à une sombre agitation. Et ensuite ? Ensuite, on connait la chanson. Choquée, elle avait poussé la première porte ouverte venue : celle d’un bar, le mauvais bar évidement. Le patron lui avait offert à boire, plusieurs fois. Puis quand elle avait craché que le reste de sa famille venait d’être abattue, il avait deviné qu’il en tenait une de plus. Et les nouvelles se vendaient cher. Alors à la fermeture du bar, il lui avait servi un dernier verre, avec dans le fond, une petite poudre blanche dont elle ne s’était pas méfiée. C’était la première fois qu’on la droguait. Le début d’une histoire sans fin.
La prostitution fait partie de ces cercles dans lesquels on s’enfonce à mesure qu’on essaye d’en sortir. Lorsqu’elle s’était rendue compte de sa bêtise, il était trop tard, et Anushka avait rapidement grossi les rangs de ces pauvres filles paumées qui n’ont plus que leur mac et leur dose de drogue pour seuls amis. Rapidement, Jack – c’était le nom qu’il utilisait – et ses filles avaient quitté la Russie, où les affaires n’allaient pas fort, direction New York. Mais les aléas du business autant que des troubles qui agitaient l’Europe leur avait fait faire plusieurs étapes. En Yougoslavie, d’abord, où Jack avait récupéré d’autres filles, puis en Allemagne, et enfin, à Paris, il y avait bien six mois. Deux ans de voyages, en tout, deux ans d’enfer, mais c’est à peine si Anushka s’en rendait encore compte. Les clients passaient, l’argent avec, et elle gagnait ces petites seringues pour lesquelles elle serait prête à faire n’importe quoi. Dans ses moments de lucidité, lorsque les effets de la drogue se dissipaient, il lui arrivait de réaliser à quel point elle était tombée bas. Mais le souvenir des trois coups de feu, et de l’espèce de fièvre qui s’en était suivi la faisaient replonger aussi sec, au moins autant que la conscience de la fange dans laquelle elle avait plongé. Parfois, mieux vaut ne pas avoir les idées claires.
« Bon, tu te déshabilles ? » Ramenée à elle par la voix pressée, Anushka secoua la tête. Machinalement, elle retira sa robe et à peu près tout ce qu’elle portait, sauf ses bas, à la demande du client. Par réflexe, elle jeta un regard sur la vieille horloge qui égrenait ses interminables minutes. Deux heures, pas plus. Après, le tarif changeait. Deux heures, c’est déjà bien long – et à force de transformer l’amour en monnaie, on finit par oublier que ça peut avoir un autre goût. Aussi, la passe à peine terminée, Anushka se hâta de quitter le lit un peu trop miteux pour être honnête. « Raah, reste un peu… grommela l’homme dont elle avait appris entre deux soupirs qu’il s’appelait René. - ‘Faut payer plus cher, rétorqua-t-elle en se plantant devant le lit. - Et tu veux pas me faire un petit prix… juste pour moi ? - Non. » Là-dessus, elle tourna les talons, et alla récupérer sa robe. Elle ne l’entendit pas se lever, l’esprit troublé par la cocaïne, mais en revanche, elle sentit très bien la façon dont il attrapa son bras pour la forcer à se retourner. « Lâche-moi ! protesta-t-elle en se débattant sans grand espoir. - Eh ça va, fais pas ta prude ! Tu sais, ça va pas bien aux filles comme toi, de faire la prude. Tu t’es trompé de métier. - Tu payes, ou tu me lâche ! »
D’instinct, elle sentit qu’il ne la lâcherait pas. Ses doutes furent confirmés lorsqu’il la plaqua contre le mur voisin. Sans se démonter, elle se débattit, tant et si bien qu’elle finit par réussir à se dégager. Sans réfléchir, elle attrapa le tisonnier qu’on avait oublié auprès de la minuscule cheminé, et lui assena un coup avec tout ce qu’elle possédait de force. Sans un cri, il s’effondra, le crâne fendu d’une vilaine plaie. Immobile, son arme improvisée à la main, elle dut l’observer un instant avant de lâcher un juron en russe, et toute une série où se mêlaient sa langue maternelle et toutes celles qu’elle avait de près ou de loin pu connaitre un jour. Tuer un client, ou ne serait-ce que le blesser, elle n’avait pas la moindre idée de ce que a pourrait lui coûter… et n’avait pas envie de le découvrir. Se laissant tomber sur le lit, elle tenta de réfléchir, l’esprit au ralenti. C’est à l’instant où ses yeux rencontrèrent le manteau de René que l’idée qui l’avait tant de fois effleurée revint. Combien de fois avait-elle songé à s’enfuir sans en savoir l’occasion ? Cette fois, elle la tenait. Personne ne viendrait la chercher ici avant un moment, juste assez pour lui permettre d’être loin.
Quelques minutes encore, elle hésita, sans trop savoir pourquoi. Elle était bien trop shootée pour penser à ce qui l’attendait dehors, ou du moins, pour y penser correctement. Finalement, tout ce qu’elle voyait, c’était un moyen de sortir de là, et de ne plus jamais y revenir. Elle parvint même à se dire qu’il serait stupide de ne pas essayer. C’est sur cette pensée qu’elle se leva, enfila les habits bien trop grands de René, s’enveloppa dans son long manteau, enfonça une casquette sur son crâne et sortit de la petite chambre. Par la porte de service, elle put quitter le bordel sans attirer l’attention, et de là, la place Pigalle. Grisée par violente sensation de liberté, elle ne s’arrêta pas de marcher deux heures durant. Fort heureusement pour elle, restait l’argent qu’elle avait soutiré au client, et celui qu’il avait encore en poche. Alors qu’elle passait la porte d’un hôtel à la nuit tombante, un immense sourire étirait ses lèvres. Enfin, elle était dehors.
***
Un mois. Elle avait tenu un mois. Les deux premiers jours, elle n’avait cessé d’arpenter la ville sans réel but, juste pour savourer la liberté qu’elle pensait avoir gagné. Le troisième jour, le manque avait commencé à se faire sentir. Le quatrième, elle avait tourné en rond pendant des heures pour trouver une dose. Le cinquième, elle n’avait plus un sous en poche. Les semaines qui s’en suivirent furent pire encore que ses premières heures de prostituées. Les crises de manquent lui laissèrent un souvenir ignoble. Les tremblements, la fièvre, la sensation d’avoir le crâne sur le point d’exploser, les vertiges, les nausées… et tout ça qui ne fait que s’intensifier, encore et encore. Pendant longtemps, elle avait cru qu’elle parviendrait à se sevrer toute seule, qu’il suffisait d’affronter la douleur, et avec une obstination qui lui était propre, avait lutté. Il y eut même un matin, au bout de la troisième semaine, où elle pensa avoir réussi, mais c’était avant de se rendre compte qu’elle ne pouvait plus marcher. Le lendemain, même sensation, mais elle dut se rappeler rapidement qu’un vendeur, la trouvant dans un état lamentable, avait eu la générosité de lui faire une piqûre. Une semaine plus tard, elle était de retour. Livide, les joues creuses, les lèvres en sang de se les êtres mordue, les paumes abîmées de la marque de ses ongles, elle eut le dégoût de se voir obligée de se jeter aux genoux de Jack pour qu’il pardonne sa cavale. Ce fut l’épisode le plus humiliant de sa vie, contre lequel sa fierté devait toujours se rebeller.
On lui pardonna, certes. On la reprit même dans le réseau, mais cette générosité qui ne ressemblait pas à Jack s’accompagna évidemment d’une longue période de « redressement » comme il l’appelait. Période à l’issue de laquelle lui était passée toute envie de fuite – de peur de devoir à nouveau la subir. Bien plus docile, bien plus accro et tenue à l’œil par le mac en personne, elle ne revit la lumière du jour qu’après un long, très long moment. Et ce jour là, ça n’était plus celui de Paris, non. Enfin, Jack et ses filles avaient fini par rallier New York. C’était en janvier 1921, et Anushka ne fêta pas ses dix-neuf ans.
1924 : NEW YORK
if you wanna get down, down on the ground ; cocaine
Enfoncée dans le cuir du vieux sofa, jambes croisées sous sa robe un peu moins outrageuse que d’ordinaire, Anushka porta le verre de rhum à ses lèvres et en sirota quelques gorgées. Avoir l’air profondément ennuyée par la conversation qui se tenait à ses côtés n’était pas une chose difficile, il lui suffisait de conserver l’air à moitié absent qu’elle arborait lorsqu’elle était shootée. Pendant ce temps, personne ne lui prêtait attention, et elle pouvait tout à son aise savoir ce qu’il y avait à savoir sur les petits trafics de Jack – ce qui n’avait certes pas un grand intérêt, mais avais au moins le mérite de lui occuper l’esprit. A l’éclat de rire qui secoua la tablée, elle leva les yeux sur les trois homes réunis autour d’elle, faisant mine d’émerger d’un long songe alors que le bras de Jack se glissait sur son épaule. Par habitude, elle l’ignora. Les hommes, que ce soit en bien ou en mal, ne lui faisaient plus aucun effet.
« Et elle, alors ? demanda en la désignant l’homme dont l’accent lui rappelait ses contrées natales. - Elle c’est… un petit cadeau de bienvenue à New York, monsieur Ivanov. » A ces mots, Anushka eut un sourire aguicheur en direction de ce qui semblait être son futur client. Elle le dévisagea à peine plus attentivement, constatant – comme toujours – qu’elle avait vu pire. « Voilà une charmante attention, Jack ! répondit l’intéressé en se rejetant contre le dossier de sa chaise. » Charmante, c’était le cas de le dire. Sans cet air constamment perdu, blasé ou absent qui lui collait au visage, Anushka aurait sans doute été une belle jeune femme. La chevelure brune, les traits fins et les yeux oscillant de façon troublante entre le gris et le bleu, elle en aurait sans doute charmé plus d’un, s’il ne suffisait pas de la payer pour l’avoir. Encore que, cette dernière évidence s’était faite quelque peu différente. Maintenant, ou il fallait bien payer, ou on avait la chance d’être l’un de ces clients auxquels Jack faisait des ronds de jambes, des offres particulières et des… cadeaux de bienvenue. Ces clients-là, il était évident qu’ils touchaient plus au trafic d’alcool qu’à celui de prostituées. Non contente d’être un heureux proxénète – comprenez : riche – Jack profitait comme toutes les crapules américaines de la prohibition. Alcool, drogues, et filles, un cocktail riche en argent frais, ça va sans dire. Et puisqu’il fallait parfois faire preuve de générosité, il acceptait parfois de conclure les marchés par une petite entrevue avec sa fille préférée. Anushka, en l’occurrence.
Drôle de promotion, pour une ancienne fuyarde, que d’être devenue la poule du mac. Mais avec le temps, Anushka s’était assagie selon Jack, et il faut toujours récompenser la docilité. La véritable raison tenait sans doute à son physique, et à ses aptitudes talentueuses au lit. Peu important : ce statut là lui évitait les pires clients, et après six ans d’enfer, elle n’allait certainement pas jouer la bonne samaritaine et laisser sa place. Elle avait même tant et si bien fait qu’elle avait gagné à ce jeu un petit appartement dans les bas quartiers, et le droit de revenir chaque fois qu’elle en avait besoin quémander sa dose. C’était bien pour ça que Jack lui laissait un minimum d’indépendance : les crises de manque l’avaient tant fait souffrir qu’elle revenait toujours chercher sa dose. C’était pitoyable, elle en avait parfois conscience. Mais Anushka avait fini par baisser les bras. Et si au fond brûlait toujours un reste de ce qu’elle avait été avant tout ça, en apparence, elle n’était rien de plus que la petite pute préférée du mac. Celle qu’on paie bien, qu’on laisse vivre, qu’on charge parfois de menues missions dans un trafic ou un autre, et surtout, celle qui baise bien.
Trop de cynisme tue le cynisme. Mais Anushka n’avait pas grand-chose d’autre à tuer sinon elle, et par une étrange obstination, et peut-être, un fond d’espoir, elle tenait encore à sa peau.
Et une fois de plus, alors que la conversation se terminait, elle entraîna d'un faux sourire un certain Ivanov, gros bonnet de la mafia russe, faire un petit tour du côté de sa chambre. Les affaires sont les affaires, comme dirait l'autre.
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Sujet: Re: Anushka Tasarov Lun 16 Avr - 8:57
Laaaaaaawrie J'aime ces accueils à coup de FACE (a)
Merci à vous tous =D Je vais peut-être être un poil longue à faire ma fiche je suis en pleine révisions de partiels entrain d'en écrire une autre en même temps sur un autre forum *schizo ON* Mais soyez-en certains, je vous tiens, je ne vous lâche plus
Par contre, est-ce mon PC/ma connexion pourrie où est-ce que les images buggent chez tout le monde ?
EDIT : j'ai rien dis, c'était ma connexion. Elle est un peu débile parfois, faut l'excuser (oh vous avez CE smiley... je vous AIME )
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Sujet: Re: Anushka Tasarov Lun 16 Avr - 9:02
BIENVENUUE ! Pas de soucis pour ta fiche on sera patients. Bon courage quand même et n'hésite pas si tu as des questions. (oui moi aussi je l'aime )
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Sujet: Re: Anushka Tasarov Lun 16 Avr - 16:28
Maija, je crois qu'elle partait du . J'ai toujours cru que Taylor Warren était un homme. Bref, BIENVENUUUUUE, bon courage pour ta fiche et tes partiels, et n'hésite surtout pas si tu as des questions. Et puis un lien entre russes s'impose.
Invité
Invité
Sujet: Re: Anushka Tasarov Lun 16 Avr - 17:58
MDR Ev' par rapport à son physique ou simple croyance ? Parce que moi je la trouve divinement sexy. C'est le bon Dieu qui envoie des tentations pour tester Gabriele ou quoi ? *PAN* Bienvenue.
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Sujet: Re: Anushka Tasarov Lun 16 Avr - 18:00
Je ne pouvais pas t'accueillir autrement
Le pire c'est que cette fois je sais pas les détails de ce que tu nous concoctes...c't'affreux.
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Sujet: Re: Anushka Tasarov Lun 16 Avr - 20:59
Merci à vous tous (oh, vous avez définitivement TOUS mes smileys préférés )
Gabriele : le bon Dieu ou le Diable, au choix Cède c'est pas cher tu verras (a) *fuit*
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Lawrie, tu découvriras tout sous peu Faudra qu'on re-cause d'ailleurs (a)
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Sujet: Re: Anushka Tasarov Mer 18 Avr - 15:08
TAYLOR Dieu sait qu'habituellement je suis pas une groupie d'avatars mais là tu m'as par les sentiments hormones. En plus, comme ton pseudo gère et que j'aime la façon dont tu as écrit ton début, t'es pas près de me décoller de toi tout de suite Sois la très bienvenue sur le forum, et n'hésite pas si tu as besoin de quoi que ce soit
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Sujet: Re: Anushka Tasarov Mar 24 Avr - 21:56
Raymond Adamski a écrit:
Lawrence E. Seymour a écrit:
Eh oh Ray, pas de crasse à cette pauvre Nushka, hein...
je lui fais pas de crasses, je vais la dévorer, that's it
C'est 50$ Avec un supplément de 25£$ pour les trucs dangereux/tordus/particulièrement pervers. Et c'est payable d'avance, évidemment
Booon, sinon, histoire de donner des nouvelles : ma fiche avance (enfin \o/) et j'ai bon espoir de terminer dans la soirée :D Lawrie, bois pas trop.. j'arrive (tant pis pour le mode boudeur... ne peut pas être Paris qui veut )
Merci à tous *-*
Oh, victoire : j'ai terminé
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Sujet: Re: Anushka Tasarov Mar 24 Avr - 23:29
J'aime ta fiche m'Anush!! J'over-aime, comme toujours, en court ou en long ^^
Et non, je boude pas, je surveille juste le Ray du dessus....
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Sujet: Re: Anushka Tasarov Mar 24 Avr - 23:45
Oh je suis ravie qu'elle te plaise Lawrie(chounet) Promis, j'arrête avec les vies horribles maintenant
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Sujet: Re: Anushka Tasarov Jeu 26 Avr - 0:04
Des vies horribles? Je vois pas de quoi tu parles... (a)
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Sujet: Re: Anushka Tasarov Jeu 26 Avr - 19:28
Quelle histoire terrible. Je pleure comme une madeleine. Néanmoins si bien écrite, avec une plume si fluide et si agréable à lire, si touchante ... Rah. Je te valide avec très grand plaisir et en exigeant un lien, parce que ta fiche a été un tel plaisir à lire que je ne vois pas comment je survirais sans rp avec toi. FÉLICITATIONS.
C. Evpraksiya-Honor Kniaz
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Sujet: Re: Anushka Tasarov Jeu 26 Avr - 19:28
Tu viens d'être validé(e), mais il te reste cependant des choses à faire ! En effet, il faut bien remplir ton profil, tous les champs ( ou le maximum ), et le gif. Ensuite, il est nécessaire d'ouvrir une fiche de lien dans cette catégorie afin de t'intégrer parfaitement au forum, cela te permettra d'avoir des liens avec les autres membres. Si jamais les codes ne sont pas ton fort, il y a des prédéfinis dans ce sujet. Il en va de même pour le sujet des topics. Il est conseillé de surveiller régulièrement les annonces, afin de suivre les intrigues et les animations et participer pleinement au forum. N'oublie pas également de participer au flood, on est là pour se faire plaisir et rencontre aha ! Sans oublier le rp, bien entendu. Allez, file donc danser le Charleston !
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Sujet: Re: Anushka Tasarov Jeu 26 Avr - 19:38
Haan Je suis désolée de t'avoir fait pleurer Et en même temps, meeeeeeerci de tous ces compliments J'ouvre ma fiche de lien très vite, je te réserve une place alors et je t'y attends