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The other side of the world / Lawrie & Nushka

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Anushka Tasarov
Anushka Tasarov

☇ PRÉNOM : Marie
☇ STAR : Taylor Warren
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MessageSujet: The other side of the world / Lawrie & Nushka    The other side of the world / Lawrie & Nushka  Icon_minitimeJeu 27 Déc - 17:33



The other side of the world.

Bienvenue dans le merveilleux sujet de Nushka Tasarov qui va avoir l'honneur d'avoir comme partenaire Lawrie Seymour. Pour leur petit sujet, ils interdisent l'intervention d'un PNJ inoffensif qui pimenterait le rp et ils interdisent l'intervention de membres extérieurs qui passeraient par là. Ne sont-ce pas là des choix merveilleux ? L’histoire se déroule le 30 avril 1924 à 22 heures alors que la météo est fraîche,mais clémente. A présent, il est temps de laisser la parole au créateur du sujet : Désignée comme cavalière et escort-girl d'un riche client de son mac, Anushka croise Lawrence à une réception huppée. Après le désastre de leur dernière rencontre, les retrouvailles promettent d'être froides... ou pas.

crédit © icon1 & icon2



L’eau froide ruisselait dans les longues mèches noires de la prostituée, lui tirants de vifs et incessants frissons dont personne ne semblait réellement se préoccuper.
« C’est glacé, Olga ! marmonna Anushka en russe, à l’intention de la jeune fille qui s’appliquait à démêler ses cheveux.
- C’est Jack qui a demandé, répliqua Olga dans la même langue, en la forçant à baisser la tête. Il a dit qu’il veut que tu sois bien réveillée ce soir. »
Anushka poussa un long soupir et ferma les yeux. Deux heures plus tôt, elle était encore complètement stone, et surtout tranquillement affalée dans son lit, chez elle, mais il avait fallu que l’un des sbires de Jack débarque soudain, et la tire d’un rêve éveillé, pour une raison qu’elle avait mis longtemps à comprendre. Olga, chargée de l’aider à se préparer, avait fini par réussir à lui expliquer qu’un de ses plus gros clients avait réclamé à Jack une cavalière qui pourrait l’accompagner, et l’occuper à l’occasion de cette soirée mortellement barbante mais à laquelle il devait néanmoins se rendre Une jolie fille, qu’il n’aurait pas besoin de séduire ou de rendre ivre pour l’avoir dans son lit, qui connaissait bien son métier au saurait se tenir en société, pas comme toutes ces donzelles qu’on tirait parfois de n’importe quel ruisseau. Pour ça, le client, un certain Mr. Parkson, était prêt à offrir une somme rondelette, raison pour laquelle Jack était allé prendre dans ce qu’il avait de mieux.

La tête encore lourde, Anushka se laissa tirer hors de la baignoire de fortune dans laquelle elle gelait depuis ce qui lui semblait un siècle et jeta un regard mauvais à Olga. Transie de froid, elle s’enroula fermement dans la serviette que la jeune fille lui tendit et alla se laisser tomber sur le lit dans la pièce d’à côté.
Elles se trouvaient à l’étage du fief de Jack, dans l’une des chambres généralement réservées aux clients les plus riches. C’est là que Parkson viendrait chercher sa cavalière pour la conduire à midtown, dans un hôtel où se tenait une réception dont Anushka et Olga ignoraient la raison. Et dont elles se foutaient complètement, d’ailleurs.
« Tu vas être jolie, constata Olga en observant la robe accrochée à un cintre que Jack avait fait monter. »
Anushka leva à peine la tête pour détailler d’un regard froid le vêtement en question.
« Ouais, répondit-elle vaguement. Il a rien laissé d’autre ?
- Il a dit qu’il passerait avant que tu partes. Et que t’avais intérêt à être prête. »
La jeune russe se redressa à ces mots et, abandonnant la serviette, se saisit de la robe, soudain tout à fait réveillée. Sa dernière escapade n’était pas passée inaperçue, et pour son propre bien, elle savait qu’il valait mieux respecter à la lettre les ordres d’un Jack qui lui avait sévèrement fait comprendre ce qui pouvait lui arriver si elle recommençait. Heureusement, l’argent de Seymour - extra compris - avait su le détendre un peu, si bien qu’elle s’en était sortie avec une gifle à peine sentie sous l’effet de la came et un savon. Connaissant Jack, c’était bien la punition la plus innocente qu’elle pouvait espérer.

Anushka était donc fin prête, cintrée dans une robe de sequins, lorsque la porte de la chambre s’ouvrit sur Richard Parkson et son fournisseur en filles favoris. Sur un geste de ce dernier, Olga quitta rapidement les lieux, laissant les deux hommes discuter du prix de la soirée face à une Anushka silencieuse. Lorsqu’ils furent d’accord, le client descendit, laissant seuls la jeune femme et son mac.
« Tiens, fit Jack en lui lança l’un de ces petits sachets blancs qu’elle connaissait bien. Mais seulement après, An’ : elle va te plaire, mais faut que tu tiennes sur tes pieds ce soir. »
Docile, elle hocha la tête après avoir rattrapé le paquet, dissimula celui-ci dans la pochette qui accompagnait sa robe et se laissa pousser sur le seuil de la chambre. Là, elle descendit rejoindre son client qui l’enveloppa d’un regard satisfait.
« Bon boulot Jack, comme toujours ! lança-t-il. »
L’intéressé s’inclina et rentra, tandis que le «couple» de la soirée s’engouffrait dans la voiture de Parkson.
« Les gens qu’on va voir n’ont pas besoin de savoir qui t’es, fit-il une fois l’auto démarrée. C’est des gens de la haute, ou presque, alors j’ai juste besoin que t’aies l’air jolie et que tu n’ouvres pas la bouche sauf si tu sais de quoi tu parles. On fait acte de présence pendant une heure et après, on s’éclipse. »
Anushka lui retourna un sourire aguicheur, et hocha la tête avant de la tourner vers les rues qui défilait, sans mot dire. Il voulait qu’elle se taise ? Elle n’avait qu’à commencer maintenant - ce qui ne sembla pas déplaire à Richard qui se contenta de lui lancer de temps à autre l’un de ces regards qu’elle connaissait si bien. Il fallait admettre qu’Olga avait réussi à la rendre particulièrement affriolante. Difficile de croire à la prostituée camée en la voyant dans cet accoutrement, malgré ses traits trop pâles et ses yeux éteints.

Le trajet ne fut pas particulièrement long, mais il faisait déjà nuit lorsque la voiture s’arrêta devant l’hôtel illuminé. Un voiturier les y accueillit, mais Anushka ne le gratifia pas du moindre regard. Ça n’était pas la première fois qu’un client l’entraînait dans ce genre de soirée, aussi considéra-t-elle l’endroit avec son cynisme froid et habituel, jusqu’à ce que Richard se saisisse de son bras pour l’emmener à l’intérieur - non sans une dernière recommandation du même goût que les précédentes, à laquelle la jeune femme répondit par son éternel sourire vendeur.
L’hôtel était presque plein. Parkson, sa cavalière à ses côtés, fendit la foule avec l’assurance d’un magnat de l’alcool dissimulé derrière un riche homme d’affaires dans le tabac - ce qu’il était. Il salua quelques inconnus aux yeux d’Anushka et la conduisit vers le bar où il lui tendit un cocktail - sans alcool évidemment.
« Ces soirées étaient déjà barbantes avant la prohibition, mais maintenant... marmonna-t-il en sirotant le sien avant de poser sur elle un regard gourmand. Ce soir, au moins, j’espère que je vais moins m’ennuyer, lui souffla-t-il.
- Vous pouvez me faire confiance, répondit-elle, aguicheuse. »
Richard fit glisser une de ses mains sur la taille d’Anuhska et l’embrassa goulûment dans le cou avant de partir d’un grand éclat de rire.
« Ma foi, c’est ce qu’on verra ma belle ! »

Là-dessus, il lui proposa de faire ce que bon lui semblait pendant un petit moment, il avait des gens à voir, sur des affaires qui ne la regardaient pas. La jeune femme haussa les épaules et l’observa s’éloigner avant de balayer la foule du regard. Soit, elle resterait là et attendrait que Parkson eût décidé qu’il ne voulait plus s’ennuyer. La prostituée des bas fonds qu’elle était n’avait rien de plus à faire dans une soirée comme celle-ci.
C’est du moins ce qu’elle pensait. Mais alors que ses grands yeux gris avaient été attirés par le violoniste de l’orchestre qui jouait une discrète musique d’ambiance, une silhouette accrocha son regard. Elle se détacha du musicien, s’empêchant de penser que ses doigts n’étaient pas bien placés, pour suivre le jeune homme qui venait dans sa direction. Aussitôt, le souvenir de leur dernière rencontre lui tira une grimace. Lawrence Seymour.
Droite sur ses jambes elle l’observa s’accouder au bar. Il ne l’avait pas vu, mais étrangement, elle n’hésita qu’un instant. Abandonnant son verre, elle alla se poster à ses côtés, en faisant signe au barman de la servir.
« Vous ici ? lança-t-elle à l’intention de Lawrence, n’osant immédiatement lever les yeux sur lui. »
Son regard était si froid lorsqu’elle le fit qu’elle dut lutter pour ne pas les baisser aussitôt.
« J’voudrais... enfin je suis désolée. Pour, euh... pour la dernière fois, lâcha-t-elle sans trop savoir pourquoi. »
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Lawrence E. Seymour
Lawrence E. Seymour

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MessageSujet: Re: The other side of the world / Lawrie & Nushka    The other side of the world / Lawrie & Nushka  Icon_minitimeMar 8 Jan - 9:57

Les cliquetis de la machine à écrire s’arrêtèrent enfin. Lorgnant les pages noircies à l’encre industrielle, Lawrence attrapa la cigarette posée sur le cendrier. A moitié consumée, il tira néanmoins une bouffée, le regard perdu sur les lignes.
Un chapitre de terminé. De quoi satisfaire Pullman après la petite nouvelle qu’il lui avait pondu récemment. Une affaire sentimentale que lui-même qualifiait de commerciale. Elle avait toutefois le mérite d’être d’une délicate noirceur.
Lawrie souffla l’épaisse fumée et jeta un oeil à John affalé sur le divan, clignant des yeux vers son maître.

-Pas de sortie ce soir pour toi, Johnny. Désolé, lança son maître en repoussant sa chaise. Les doigts tâchés d’encre, il tenta d’ôter le maximum de traces avant de passer une veste sombre sur sa chemise encore immaculée. Un noeud papillon l’étrangla pour la soirée.
-Je déteste tout comme toi ce genre de réception où nos hôtes sont trop honnêtes pour nous offrir ne serait-ce qu’un verre de champagne, lança-t-il à John qui avait relevé la tête. Mais voilà, il faut bien que je te nourrisse mon vieux. Serre-pince et courbettes sont dans le lot.

Il tapota affectueusement la tête du chien avant de passer un manteau léger, tout en glissant son paquet de cigarette dans sa poche. Attrapant sa cane, il adressa un dernier regard au beagle qui, habitué de ces sorties, ne songea même plus à réagir au départ de Lawrie.

“Lady Cameo” était sorti quelques jours auparavant et Pullman forçait toujours Lawrie à venir serrer quelques mains pour mieux s’établir dans cette société. Ca n’était pas le premier public que visait Lawrence par ses écrits, mais il savait qu’ils pouvaient le faire grimper, même s’il ne publiait rien en quelques mois. Cette côterie avait l’avantage d’être vos plus fidèles supporters s’ils vous adoraient au premier regard. Lawrence lui préférait de loin les salons parisiens, où la véritable culture trouvait sa place et où les esprits les plus brillants de leur génération pouvaient débattre. Ces soirées mondaines n’étaient qu’une façade, qui empêchaient même son regard d’artiste de le voir différemment.

A peine avait-il enlevé son manteau qu’il se fit happer par son éditeur qui, le poussant par l’épaule, le flanqua devant deux grisonnants à favoris, certainement échappés du siècle dernier.
-Monsieur Seymour! Quelle joie de vous rencontrer enfin! Votre dernière nouvelle était exquise!
-Plein de cynisme, également. Si diffférente de vos derniers ouvrages.
Lawrie esquissa un sourire trop brillant pour être franc et serra la main des deux hommes.
-Le cynisme est nécessaire pour s’attaquer à des castes sans qu’elles s’en aperçoivent, répondit-il ironiquement. Messieurs.
Il les salua promptement, cherchant Pullman du regard pour lui rappeler sa façon de voir les choses.
-Cameo est issue de leur monde et termine à Central Park, soupira-t-il à l’agent lorsqu’il le trouva enfin. Et on me félicite pour mon cynisme. Ces gens ne comprennent pas un traitre mot d’une simple métaphore....si je dois écrire pour eux, autant demander à un nègre de le faire, j’ai bien d’autres projets en tête! Il tira une cigarette qu’il alluma dans un geste instinctif.
-Arrête de râler et prends un truc à manger, tu as une tête d’écrivain qui ne voit pas le soleil...
-C’est ça, répondit Lawrie d’une voix lasse, prenant le verre tendu. Il trempa ses lèvres, réalisant qu’en lieu et place d’un bon whisky, se trouvait-là un simple jus infect au goût insipide.
-Pullman, traître, reprit-il en se tournant vers l’agent, dis-moi que....
Mais un tout autre visage avait remplacé Pullman et le regard écarquillé, Lawrie perdit soudainement toute faculté de ronchonner.
Anushka?!
-Vous, ici?
La surprise passée, Lawrence lâcha un petit rire malgré le regard froid qu’Anushk leva sur lui.
-Je suis là pour nourrir John, répondit-il dans un sourire étonné. Mais je vous retourne la question, même si j’en devine la réponse.

Quelques temps s’étaient écoulés depuis leur dernière rencontre houleuse. Il avait tâché de l’oublier, avait remisé son portrait dans une autre pièce, avait fait le vide, avait écrit Lady Cameo et était sorti...trop sorti, même. Et trop bu. Il avait - à ses yeux - presque tout tenté qui resta dans la légalité...mais Anushka restait marquée au fer rouge dans son esprit. Et loin de le brûler, elle restait comme une braise incandescante, s’éteignant lentement avant qu’un nouveau souffle ne vienne la raviver. Ce soir, elle s’était à nouveau enflammée.

-J’voudrais... enfin je suis désolée. Pour, euh... pour la dernière fois.
Son sourire se mua en une esquisse polie, bien que les mots d’Anushka résonnaient encore fortement dans sa mémoire. “Vous n’avez rien compris...”. Il avait longuement pensé à elle, à ses paroles trop vraies pour être reléguées. Et ce soir-là, il en ressenti presque une honte légère, celle qui venait lorsque l’autre demandait pardon d’avoir eu raison.

Il détourna un court instant la tête pour boire son jus insipide, cherchant les mots adéquats.
-Je ne vous en tiendrai pas rigueur, fit-il simplement en se tournant vers elle. Vous...vous n’aviez pas tort sur certains points, je dois presque vous remercier d’une franchise que mon agent est incapable d’avoir envers moi, ajouta-t-il, un sourire en coin.
Son regard pourtant gardait un éclat d’une petite gêne, malgré sa volonté de lui pardonner cet écart.
Ca n’était cette fois pas ses prunelles grises, sa petite moue et ses paupières tombantes qui l’empêchaient d’aller plus loin dans sa phrase. C’était juste Anushka. Sa muse qui revenait frapper à sa porte sans même le savoir, parfaite dans la fange qu’elle habitait, frêle dans le monde qui avait du la voir naître. Elle devait être là ce soir par simple désir d’un client fortuné, un de ceux qui loueraient sa nouvelle ô combien satirique, sans en comprendre la moindre ligne. Anushka....Lady Cameo....du caviar aux cochons.

Il se détourna encore pour s’efforcer de terminer son verre.
-Vous êtes...très jolie, ce soir, dit-il simplement, comme pour briser la glace après le rappel du fiasco précédent. Peut-être était-ce aussi là une manière de la soutenir pour la soirée qu’elle allait devoir passer, qu’elle comprenne qu’elle pouvait revenir quand elle le souhaitait chez lui, qu’elle pouvait s’appeler Léonore si elle le voulait. Lawrence ne se montrait que rarement faible face à une femme, mais face à une muse, les portes s’ouvraient en grand, laissant passer des propositions, idées et envies que seule son âme d’artiste comprenait. Elle manipulait totalement l’homme raisonnable qu’il était et Anushka la réveillait sans cesse.

Il fit distraitement tourner le jus dans le verre, sirotant le tout sans grande conviction.
-Ah, te voici, ma belle, lança une voix d’homme derrière lui! Vous importune-t-elle, monsieur? Les femmes ont parfois quelques discussions si ennuyeuses...ah-ah!
Se retournant, il avisa un homme de taille moyenne, l’un de ces hommes au regard dégoulinant de vice, qu’il peignait avec rarement de bonté dans ces écrits habituels. Il puait l’argent, l’hypocrisie et tout ce qu’il rejetait dans la société new-yorkaise. Le regard trop évident que l’homme jeta à Anushka fit se réveiller l’instinct protecteur de Lawrie et plus froidement qu’il ne l’aurait voulu, il lui tendit une main néanmoins polie.
-Lawrence Seymour. Enchanté, monsieur...?
-Richard Parkson, directeur de Bowman Industry! Alors, que vous as-t-elle raconté, continua-t-il d’une voix faussement guillerette mais dégoulinante de fiel?
-Nous parlions de Baudelaire et de Hugo, monsieur Parkson, répondit Lawrie dans le même sourire.
-Hugo?
-L’auteur français, s’amusa Lawrence devant la tête déconfite de l’homme qui les observait tour à tour. Les Misérables, reprit-il.
-Certainement.., lâcha Parkson peu convaincu. J’ignorais que tu connaissais cela, ma belle, fit-il vers Anushka dans un sourire moqueur.

Lawrence avait souvent une attention toute particulière pour les porcs incultes qu’il aimait à faire tourner en rond, mais il se doutait que celui-ci avait bien d’autres projets en tête que de se laisser causer littérature. Buvant une autre gorgée de jus de fruit, il capitula.
-Je ne souhaite vous retenir plus longtemps, monsieur Parkson. Miss, ce fut un plaisir que de converser avec vous. Bonne soirée à vous.
Il inclina poliment la tête, s’arrachant du bar auquel il aurait pourtant souhaité rester bien plus longtemps, si Parkson ne ‘était pointé. Cherchant Pullman des yeux, il se fondit dans la foule, laissant derrière lui celle qu’il se refusait d’abandonner là.


Spoiler:
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MessageSujet: Re: The other side of the world / Lawrie & Nushka    The other side of the world / Lawrie & Nushka  Icon_minitimeVen 11 Jan - 0:13

Après le désastre de leur dernière rencontre, Anushka aurait pu se contenter d’ignorer Lawrence, mais tout comme elle ne savait ce qui l’avait poussée à braver les instructions de Jack pour aller le voir, elle n’avait pu résister à l’étrange tentation de rejoindre le poète. Excepté les «meilleurs amis» de Jack - c’est ainsi qu’elle nommait ceux qui gravitaient dans le sillage de son mac - elle voyait rarement deux fois le même client, et oubliait la plupart du temps bien vite les traits de ceux à qui elle se vendait. La came, et cet instinct de survie qu’elle n’avait jamais perdu, dressaient entre son esprit et ces hommes d’épaisses barrières derrière lesquelles elle s’enfermait, pour les laisser jouir d’un corps qui tenait plus du pantin que de l’être humain.
Ainsi, elle ne laissait aucun de ces hommes attirer son attention ou son regard un peu plus que les autres, mais Lawrence par ses lubies avait réussi à dépasser ce mur. Dès leur première rencontre, il avait déclaré pouvoir lui offrir une chance de s’échapper de sa fange, de rêve ne serait-ce qu’un instant et malgré le détachement cynique dont elle avait alors fait preuve, Anushka ne pouvait prétendre avoir oublié ces quelques mots qu’elle n’aurait jamais pensé entendre. Puis il l’avait trouvée là, la fois suivante, affalée sur l’une des chaises de son salon, la tête déjà bien loin, obscurcie par la «poussière d’ange» qui n’avait d’angélique que le nom. S’il avait déchanté, peut-être que les paroles que lui avait crachées la jeune femme n’étaient pas non plus étrangères au dépit. Il ne pouvait la tirer, même une minute, de tout cela, ni lui ni Baudelaire, ou Hugo. L’espace d’un moment, elle l’avait confusément détesté d’avoir prétendu le contraire, d’y avoir cru au point de sembler tomber des nues lorsqu’il avait vu ce qu’elle avait qualifié de sordide lors de leur première rencontre.

Ces réflexions, Anushka n’en était qu’à moitié consciente lorsqu’elle bredouilla quelques plates excuses pour son comportement, les yeux plongés dans son jus de fruit. Elle songea au petit sachet blanc qui pesait à peine dans sa pochette et une moue ironique tordit ses lèvres.
« Je ne vous en tiendrai pas rigueur, fit-il simplement en se tournant vers elle. Vous...vous n’aviez pas tort sur certains points, je dois presque vous remercier d’une franchise que mon agent est incapable d’avoir envers moi. »
Anushka hocha la tête, et esquissa un sourire discret. Elle ne sut quoi ajouter, et la situation lui semblant déjà bien assez étrange, n’ajouta rien. Elle se contenta de soutenir un moment son regard, comme pour lui faire comprendre qu’elle avait dit ce qu’elle avait à dire, même si elle ne savait pas exactement pourquoi elle l’avait fait. Elle se sentit soudain stupide de rester là, mais bien loin de s’éloigner, se plongea plutôt à nouveau dans son verre.
« Vous êtes...très jolie, ce soir, dit simplement Lawrence après un silence. »
La jeune russe baissa les yeux sur sa robe trop brillante à son goût, ses bas et ses chaussures de grande dame. Un ricanement lui échappa, mais elle garda pour elle ses habituels commentaires trop cyniques et haussa les épaules.
« Certains clients ont un une réputation à tenir, marmonna-t-elle. Vous êtes pas mal non plus, ajouta-t-elle comme il était d’usage de rendre les compliments. »
Elle lui glissa toutefois un regard en coin, et une moue indéfinissable, avant de désigner son noeud papillon.
« Mais vous avez encore les doigts plein d’encre et même un aveugle verrait ça vous empêche à moitié de respirer. »

Là-dessus, elle acheva son cocktail - qui était sans doute le plus légal qu’elle avait approché depuis un moment - et avant qu’elle ne pense à se retourner pour jeter un oeil sur la foule, la voix de Parkson résonna dans son dos.
« Ah, te voici, ma belle! Vous importune-t-elle, monsieur? Les femmes ont parfois quelques discussions si ennuyeuses...ah-ah! »
Anushka se retourna et, appuyée sur le bar, accueillit d’un regard vendeur son client, sans même songer à se formaliser de ses paroles. Elle écouta en silence le bref échange qu’eurent les deux hommes, l’air absente. En fait d’absence, elle avait bien vu l’oeillade que lui avait lancé Parkson, et envisageait déjà ce qui n’allait pas tarder à se produire. En le dévisageant à la dérobée, elle se prit à souhaiter qu’il se décide vite, afin de retrouver les limbes dont on l’avait tirée quelques heures plus tôt. Elle y pensait si bien qu’elle tourna à peine la tête lorsque Richard s’adressa à elle, et hocha vaguement la tête. Les noms de Baudelaire et Hugo, elle les avait bien entendu, mais préférait autant en finir avec tous ces fantômes d’un passé oublié, quand le présent devait bientôt la rattraper.
« Je ne souhaite vous retenir plus longtemps, monsieur Parkson, lança soudain Lawrence. Miss, ce fut un plaisir que de converser avec vous. Bonne soirée à vous. »
La jeune femme l’observa s’éloigner sans mot dire, et la main du son client sur son bras la rappela bien vite à ses devoirs.
« Je commence sérieusement à m’ennuyer, pas toi, ma belle ? lui glissa-t-il. »
Anushka lui retourna son meilleur sourire aguicheur et se décolla du bar, l’esprit déjà ailleurs. Mais la main de Parkson n’avait pas quitté son bras, et s’y referma soudain plus ferment, l’empêchant d’aller plus loin.
« Essaye d’avoir l’air plus enthousiaste, je te paye pour ça ! souffla-t-il, visiblement agacé par son silence. »
Elle se retourna pour se planter face à lui et, sous couvert de lui glisser quelques mots à l’oreille, effleura adroitement son pantalon.
« Vous avez une chambre, Richard ? susurra-t-elle sur un ton absolument scandaleux. »
Satisfait, il lui retourna un regard plein de vice, et se mit à la guider au travers de la foule qui s’entassait dans le hall de l’hôtel.
Ils atteignaient un escalier lorsque le regard gris d’Anushka se perdit sur cette fameuse foule. Ce fut un regard connu qu’elle croisa, celui de Lawrence, auquel elle s’accrocha un instant. Mais le bras de Parkson autour de ses épaules la fit soudain baisser les yeux. Tout cela était sordide, et elle était trop lucide pour soutenir ces deux yeux bleus.

En fait de sordide, la prostituée blasée n’était pourtant pas au bout de ses peines, ce soir-là. Elle avait vu passer beaucoup d’hommes, dont certains plus violents que d’autres. Richard Parkson était de ceux-là.
Une heure, c’est le temps que dura la passe. Une heure pendant laquelle Anushka aurait tout donné pour le contenu du petit sachet blanc resté dans son sac. Une fois stone, elle aurait pu oublier les quelques coups, et comme toujours, se plier sans broncher aux moindres désirs de son client. Elle aurait pu rester allongée sur ce lit défait alors qu’il se rhabillait et lui annonçait que les hommes de Jack s’occupaient de la ramener. Mais elle était là, face au miroir de la salle de bain, les deux bras appuyés sur le lavabo trop blanc. Elle fixait son reflet éteint, et la marque rouge sur sa joue, tout en tendant l’oreille. Lorsque la porte de la chambre claqua, elle resta immobile un moment, puis se laissa tomber sur le carrelage, misérable et bien trop consciente de l’être.
Il fallut quelques minutes à Anushka pour se remettre debout et se traîner jusqu’à son sac. Vide, elle alla s’asseoir en tailleur sur le lit, renversa la pochette et une fois de plus, fit face à sa meilleure ennemie. Jack avait eu l’obligeance de glisser une seringue, qui tira un sourire avide à la jeune femme. Elle ne réfléchit pas - elle avait bien assez eu le temps de penser pour ce soir - et c’est avec l’automatisme de l’habitude qu’elle prépara sa dose. Mais alors qu’elle achevait la seringue, la porte qui s’était refermée sur Parkson s’ouvrit soudain. Anushka sursauta violemment. Elle eut beau dissimuler l’aiguille dans son dos, l’attirail face à elle ne mentait pas sur ses intentions ; intentions terriblement illégales dans un hôtel où l’on ne servait que du jus de fruit aux convives. Elle allait dire quelque chose mais croisa un regard familier, qui lui donna la désagréable impression de s’enfoncer un peu plus. Lawrence, encore une fois.
« C’est une manie chez vous ? marmonna-t-elle alors. Elle baissa les yeux, puis les leva à nouveau. Vous voulez pas voir ça, vous feriez mieux de descendre. »
Le ton était tranchant, et n’appelait a priori aucune réponse, mais comme il ne bougeait pas, elle posa sur lui ses prunelles lasses.
« Quoi ? Vous vous souvenez déjà plus de c'que vous avez vu la dernière fois ? Elle s'anima, crispée, nerveuse de savoir la came si proche sans pouvoir s'y réfugier, et sa voix se brisa. Foutez-moi la paix, Lawrence ! »
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