Bienvenue dans le merveilleux sujet de Lawrence Seymour qui va avoir l'honneur d'avoir comme partenaire Evpraksyia Kniaz. Pour leur petit sujet, ils autorisent l'intervention d'un PNJ inoffensif qui pimenterait le rp et ils interdisent l'intervention de membres extérieurs qui passeraient par là. Ne sont-ce pas là des choix merveilleux ? L’histoire se déroule le le début d'après-midi d'un de ces premiers jours d'avril à 15 heures, peu avant le goûter alors que la météo est douce, mais mêlée d'un petit vent frais. A présent, il est temps de laisser la parole au créateur du sujet : Une petite rencontre anodine, un retour sur une soirée des plus désastreuses palpitantes, deux anciens alcoolisés, un chien et des passants et nous avons-là la scène de notre théâtre!
New-York avait ce charme indéfinissable des grandes villes construites à partir d’éléments disparates. D’un quartier à l’autre, les images se succédaient, si différentes, si ancrées dans une culture atypique que Lawrie avait l’impression de voyager dès qu’il traversait un nouveau quartier. Les italiens s’étaient implantés par là, les irlandais par ici, les noirs un peu après…la population de New-York reflétait tant la société actuelle en constante évolution. Si loin de l’Europe et surtout de la France, qui avait conservé en son sein ces vieilles images traditionnelles, faites de coutumes anciennes et de nouvelles modes qui peinaient à se faire aimer. Pourtant, Paris avait son charme indéfinissable, mais si différent de celui de New-York.
La prohibition avait certainement transformé le paysage et dans ses souvenirs, Lawrie ne parvenait à se rappeler de la vision qu’il avait eue de la ville avant son départ pour l’Europe. Peut-être n’avait-il connu que les quartiers assez huppés pour n’avoir à côtoyer ce peuple qu’il venait pourtant aujourd’hui étudier. Il avait quitté le vieux continent où, malgré les restrictions mondaines, la liberté était de mise. Il avait quitté ces petits salons calfeutrés où l’on sirotait du vin français, ces cabarets près de la place Pigalle où les danseuses s’affichaient presque nues avant de se lover dans vos bras ; Lawrie avait connu la vie libre, sans contrainte et d’une douceur française, pour revenir s’enterrer à New-York – selon le terme de ses amis – et vivre clandestinement tout ce à quoi il avait goûté librement en France.
Mais New-York avait ce piquant qui restait en bouche, ce retour tel celui d’un vieux vin, cette odeur dont on ne pouvait se passer. New-York et toute ses vibrations, ses rencontres, ses personnages hauts en couleurs et si atypiques qu’on ne pouvait les oublier. Il avait retrouvé avec une joie non dissimulée la ville qui ne dormait jamais. Au feu les récriminations de ceux restés en Europe ! Certes le whisky était infect, mais il restait encore quelques alcools peu frelatés qui satisfaisaient entièrement l’artiste qu’il était. Et les bars clandestins avaient cette atmosphère que nul cabaret en France ne pouvait lui offrir. Peut-être la peur de la police et du contrôle insufflait-elle cette crainte, comme une dose d’adrénaline, que l’on venait rechercher. La prohibition offrait à New-York un souffle nouveau. Ce souffle de liberté qu’il avait eu tout le loisir de découvrir à Paris.
La douceur du printemps, malgré les quelques rafales de vent, inspiraient aujourd’hui Lawrie et s’est assis sur un banc du parc qu’il laissait ses yeux vagabonder, donnant de temps en temps une vague caresse au chien allongé à ses pieds et qui léchait ses chaussures. John était d’une bêtise affligeante, mais Lawrie n’avait jamais assez de cœur pour le lui reprocher ou l’en punir. Il l’avouait d’ailleurs, le beagle l’inspirait bien souvent dans ses nouvelles et l’on retrouvait souvent un de ces personnages un peu idiots qui puisait son intelligence dans celle du chien. Le pied sur la laisse pour éviter toute tentative d’évasion en cas de chat, oiseau, chien ou enfant, Lawrie levait parfois les yeux vers les passants, guettant quelques gestes ou paroles un peu trop vives et si distinctes. S’inspirer de la vie quotidienne était surtout un de ces petits plaisirs innocents et à chaque visage, il donnait un nom à son propriétaire. Griffonnant distraitement sur son carnet, il avait croisé les jambes, adressant de temps en temps les yeux vers une jeune fille adossée au banc en face, dont les mains jointes avec délicatesse sur sa robe démontraient une certaine éducation…à moins qu’il ne s’agisse du rose qui colorait ses joues dès que Lawrie s’amusait à lui sourire. Le jeu était délicieusement cruel. Mais il cessa aussitôt lorsque devant lui se dressa une silhouette qui lui sembla bien trop familière. Ce regard suffit à assombrir le visage de l’innocente qui se leva aussitôt pour disparaître.
Qu’importe, la silhouette aperçue avait été comme un flash dans son esprit et refermant le carnet, il attrapa la laisse de John pour suivre de quelques pas la personne dont il cherchait encore le nom. -Allez bouge, je connais cette personne ou je suis encore vaporisé des expériences d’hier ! Où l’avait-il connu…à l’opéra ? Non, il n’y avait été depuis des semaines…au théâtre ? Impossible, la programmation était inintéressante en ce moment…dans un restaurant ? Peu probable, il ne fréquentait que des endroits louches en ce moment… Il s’arrêta, suivi du chien et fit glisser son regard d’expert des jambes fines sous le pantalon, jusqu’au bas du dos, dont les hanches étaient peu développées. Les épaules étaient fines et découpées, démontrant le peu de sport que devait faire cet homme…si du moins il s’agissait bien d’un homme ! Des cheveux bruns, une démarche trop chaloupée pour être masculine, mais pourtant bien imitée… Un sourire éclaira en un instant le visage de Lawrie lorsqu’il se rappela du lieu et de l’endroit où il avait croisé cette silhouette…même si celle-ci était moins titubante qu’auparavant !
-Eh, une femme ?! Dans cet accoutrement ?! Retenant la jeune brune qui venait se manquer de chuter en tentant de se retenir à une table, Lawrie avait eu un instant d’arrêt en découvrant les traits fins et féminins du buveur. Il avait retenu un « quelle idée ! », prit dans un fou-rire lorsqu’elle s’était retenue à lui pour ne pas rater le trottoir. -Allez…je vous ramène…attention il y a un… ! Trop tard….attendez…là, voilà…c’est bon ! Vous êtes sur la terre ferme ! Un pied devant l’autre…Oui…Ah, vous vous appelez Eve ? Enchanté, appelez-moi Lawrie… oui….c’est ça oui….attention…allez-y doucement, hein, vous n’êtes pas la seule à avoir bu ce soir…
Une semaine ? A peu ou prou…qu’importe le nombre de jours, Lawrie aujourd’hui ne pouvait pas laisser échapper l’occasion de retrouver la trop charmante Eve, compagne si bavarde d’un soir, qui ne s’était tue que….hum…en fait, Lawrie n’en n’avait lui-même aucune idée. Il restait convaincu qu’elle avait parlé jusque dans son sommeil.
-John, appela-t-il au moment où le chien avait soudainement décidé que l’autre chien d’en face l’intéressait ! Mais le beagle tira la laisse, entraînant le maître qui perdit l’équilibre et se retrouva en quelques bonds à côté d’Eve – s’il s’agissait bien d’elle – retenant de toutes ses forces l’animal qui tentait de s’échapper. Mais l’un des atouts majeurs de Lawrie était de garder contenance en toutes circonstances, même si en l’occurrence John avait réussi à rattraper son acolyte et lui sentait allègrement l’arrière-train.
-Vous pouvez tout à fait en vouloir au hasard de m’avoir à nouveau placé sur votre route…monsieur, lança Lawrie dans un large sourire ! Ou…miss, ajouta-t-il plus bas d’une voix amusée. Il tira d’un coup sur la laisse pour écarter John, passant une main dans ses cheveux pour se recoiffer. Je dois avouer que vous m’avez beaucoup intrigué, en dehors de m’avoir fait passé une des nuits les plus folles de ces quelques mois !
Il la dévisagea un instant, la saluant d’un signe de tête, et retenant une soudaine petite moue lorsqu’il détailla sa tenue. Pffeuh ! Quelle idée de vouloir être l’égal de l’homme quand celui-ci voulait être l’égal de la femme en charme et en beauté ! Mais il retint un sarcasme inutile. -Mais pardonnez-moi, je ne vous ai pas salué dans les formes…Comment vous portez-vous ? Votre musique va-t-elle bien ? Enfin…vous rappelez-vous seulement de notre première rencontre ?!
Il enroula distraitement la laisse de John dans sa main, lançant un regard des plus galants à la jeune femme. Ah…Evpra…ou Evar…enfin quelque chose de ce genre. L’alcool ne les avait aidé ni l’un ni l‘autre, ce soir-là !
C. Evpraksiya-Honor Kniaz
FONDA hooked into machine
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Sujet: Re: Alcohol and memories aren't closer friends...[Eve & Lawrie] Sam 5 Mai - 11:14
My fire burned them out But we will not be moved by it
Dance, dance, dance, if you got no love around you
Eve n'avait pas pour habitude d'être dehors en début d'après-midi. Il s'agissait de ces heures, pour elle matinales, où elle émergeait d'une heure ou deux à s’enivrer du plaisir de son piano usé ou de son violon, à perfectionner son art et composer des symphonies, des sonates ou des concertos qu'elle ne conserverait pas. Il s'agissait de l'instant où s'éclipsaient gracieusement toutes les désastreuses conséquences de l'alcool de la veille au soir, où la diabolique inspiration de ses maux de tête s'effaçait. Ces quelques heures accablantes, elle les passait devant un livre ou une des feuilles de compte de son père, retardant son premier verre de la journée et s'éloignant à regret de ses partitions, qui ne lui inspiraient que peu une fois dégrisée. Aujourd'hui, elle avait besoin d'air, de liberté. Son foyer l'étouffait, ne faisait que lui rappeler sa triste condition de femme à laquelle elle voulait échapper. Le piano trônait, silencieux, au milieu de ses appartements. Noir, brillant, glacial. Illuminé des pâles rayons du soleil gris de ce début de printemps. Elle n’osait y toucher, de peur de se rendre compte qu’elle ne valait rien sans l’aide de spiritueux. Tout juste capable de rejouer les savantes mélodies de ces maîtres qu’elle admirait tant. Elle ne se sentait pas de pouvoir encaisser un nouveau manque d’inspiration, une véritable lacune sans ce qui était devenu sa drogue.
Sa vie perdait désormais tout sens. Elle était tourmentée – ou s’inventait des contrariétés qui l’empêchaient d’avancer. Ballotée entre deux choix, deux univers, deux personnalités. Et elle se réfugiait dans la facilité, quand il lui était supportable de rester dans cet immense hôtel vide qui l’avait vu naître, grandir, et haïr. Aujourd’hui, elle ne le pouvait pas. Elle en avait assez d’être seule. Sa sœur lui manquait, son père lui manquait. Le père qu’elle avait avant qu’il ne brise sa vie et ses espoirs de liberté, le père complice et aimant. Elle était seule, désormais, ne souhaitait voir personne de peur de raviver sa peine, et regardait les aiguilles égrener le temps jusqu’à l’impensable. Jusqu’à ce mariage qu’elle refusait en bloc. Il fallait qu’elle sorte, qu’elle voit du monde. Elle le faisait chaque soir, buvait jusqu’à ne plus savoir même son prénom, jouait jusqu’à ce que tous ses sens se soient suffisamment enivrés de ses célestes mélodies. Puis elle rentrait, par Dieu seul savait quel miracle, sombrait, et oubliait le bonheur de rire et de trinquer avec quelqu’un d’autre que sa propre âme désespérée et rongée jusqu’à l’os d’amertume.
Alors elle était sortie. C’était inhabituel, singulier, pour elle. Elle n’aimait pas ce soleil d’après-midi, trop brillant, mais pas assez chaud, déjà passé. Elle n’aimait pas voir toutes ces mères promener leurs enfants, du nouveau-né au bambin, et rire en parlant de leurs frasques à leurs amies. Elle n’aimait pas voir ces jeunes femmes ou encore filles minauder, assises sur un banc ou dévalant les rues en groupes serrés. Elle n’aimait que les cœurs solitaires qui évoluaient comme elle, lentement ou pressés par le temps, qu’elle observait de tout son soûl jusqu’à ce qu’ils disparaissent dans la brume. Ils ne parlaient pas, ne troublaient pas les symphonies merveilleuses du silence de la nature, et lui évoquaient un air de blues douloureux. Mais elle était sortie quand même, avait longé les larges trottoirs, évitant le contact humain. À chaque nouveau pas, ses maux de tête s’estompaient, elle se purifiait pour une nouvelle soirée de beuverie sans limites. Toute dignité oubliée. Et étrangement, elle se sentait bien. Marcher sans but précis semblait la revigorer. Elle allait, les mains dans les poches de son pantalon d’homme, son chapeau de feutre et de soie soigneusement enfoncé sur sa tête et ses boucles brunes domptées afin que personne ne se doutasse de son identité. Son costume noir attirait les regards, mais elle ne les voyait pas. Elle vidait son esprit, pour plus tard mieux le remplir.
Pourquoi n’était-elle pas sortie plus tôt ? Elle sentait le soleil venir caresser sa mâchoire, lui arracher un sourire timide. Elle était arrivée dans Midtown, au gré de ses pas inconscients. Les rares fois où elle foulait le sol de ces immenses avenues qui respiraient le luxe étaient pour se rendre aux bureaux du journal de son père – en femme bien entendu – ou pour s’offrir le luxe de quelques tenues de femme chez Lord&Taylor ou chez ces couturiers français en vogue. Jamais elle n’y passait ainsi vêtue d’un costume masculin, accoutrement réservé aux soirées qu’elle souhaitait passer librement et incognito. Aujourd’hui aussi, elle ne s’embarrassait pas de sa véritable identité. Les dames la saluaient d’une œillade, imaginant là un bel et jeune héritier – à quelques attributs féminins près – à la richesse de ses vêtements. Elle leur souriait, dissimulée sous son chapeau, ou leur renvoyait leur clin d’œil. Elle retrouvait peu à peu le plaisir de la foule, du jour pâle et des artères bondées. « John ! » Elle sursauta et se retourna, effrayée malgré elle par les aboiements. Jamais elle n’avait possédé le moindre chien, et pour ce qu’elle en savait, ils n’étaient pas que de parfaits compagnons pour l’homme. « Vous pouvez tout à fait en vouloir au hasard de m’avoir à nouveau placé sur votre route… Monsieur. » Eve leva un regard suspicieux vers l’homme qui tenait la bête en laisse, et qui s’adressait visiblement à elle. Il devait probablement faire erreur – il faut dire que son visage était dans l’ombre et que son costume de coupe traditionnelle pouvait la faire confondre avec n’importe qui. Alors elle ne répliqua pas, et se retourna à nouveau pour continuer sa route vers elle ne savait où.
« Ou…miss. » Eve se braqua et se retourna immédiatement vers l’homme. Comment osait-il ? Et qui était-il ? Malgré son physique commun, son visage ne lui évoquait rien. Ni même un ami de son père, un de ces hommes qui ne faisaient que travailler. Ni même un pianiste qu’elle aurait délogé de sa place légitime une nuit, après plusieurs verres. Rien. De quel droit l’apostrophait-il ainsi, en pleine rue, au vu et su de tous, révélant son véritable sexe ? Son visage était crispé, elle espérait seulement que personne n’avait entendu ce malin débiter pareilles inepties. « Je dois avouer que vous m’avez beaucoup intrigué, en dehors de m’avoir fait passé une des nuits les plus folles de ces quelques mois ! » Son étonnement était bien plus fort que sa fureur, cette fois. Elle le laissa la détailler et la saluer sans s’offusquer, choquée. Et bien. Peut-être serait-il temps qu’elle se rappelle de ses rencontres nocturnes. Une nuit des plus folles, disait-il ? Seigneur. Qu’avait-elle fait ? Elle craignait au pire. Pour sa virginité, si ardemment préservée, ou pour tout ce qu’elle avait à cacher à cette société. Elle ne daigna pas lui répondre, occupée comme elle l’était à tenter de comprendre, les sens en alerte. Qu’était-ce cela encore ? Après une arrestation, des fiançailles non désirées, un amour et des amitiés ravageuses … « Mais pardonnez-moi, je ne vous ai pas salué dans les formes…Comment vous portez-vous ? Votre musique va-t-elle bien ? Enfin…vous rappelez-vous seulement de notre première rencontre ? » De mieux en mieux. S’il connaissait son donc pour la musique, alors il savait sans doute pour Gabriel, Maija, et d’autres. Et pour – Oh Seigneur, lui jetait-il un regard galant ?
C’en était trop pour sa trop grande fierté, sa dignité de femme comme de noble héritière. Elle siffla entre ses dents, menaçante et presque inaudible. « Écoutez. Je ne vous connais pas, et je ne sais pas pourquoi vous me connaissez ainsi mais taisez-vous, pour l’amour du ciel ! » Si quelqu’un entendait et comprenait qu’elle était femme … Elle était perdue. La famille Kniaz ne serait alors qu’un cercle de parias russes, avec une fille pédérastre et travestie, comme ces femmes de mauvaise vie dans ces cabarets lesbiens de Paris. « Laissez-moi tranquille. » Elle jeta un dernier regard mauvais au chien, qui furetait près d’un autre clébard et grognait, et tourna les talons. Il était peut-être temps pour son premier verre de la journée, finalement.
Lawrence E. Seymour
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Sujet: Re: Alcohol and memories aren't closer friends...[Eve & Lawrie] Mer 23 Mai - 21:20
Tout homme normalement constitué aurait - après avoir lu le visage scandalisé de la jeune femme – tourné les talons, se confondant en excuses, mais Lawrie n’était pas de cette pâte-là et son humeur ne pouvait en rien aider la pauvre jeune fille à se dépêtrer de la situation. Malin Plaisir pouvait être le mot exact de ce que ressentait l’écrivain tant ce situations atypiques lui plaisaient. Adepte de surprises, des actions extraordinaires, elles remplissaient parfois les pages blanches de son petit carnet. Lorsque les nuits se comblaient de morosité, les jours étaient teintés de cette humeur légère, comme pour conjurer le sort nocturne. Mais peut-être plus que son humeur, le souvenir de cette nuit passée ne pouvait s’oublier et le poussait à vouloir aider sa compagne d’un soir à revoir ces images étouffées. Un instant, il avait craint s’être fourvoyé sur l’identité de la jeune femme, mais à son regard digne et hautain, il fut certain de ne pas faire fausse route. Il le reconnu aisément, comme sa voix lorsqu’elle se plaignit. Ce fut également ce regard qui le décida à ne pas tourner les talons, comme l’eu fait tout homme galant.
Lawrie ne répondait pas aux codes de la galanterie basique et si européenne…il y avait toujours en lui ce sang américain défiant les plus puristes des traditions anglaises ou françaises. La France n’avait été qu’un lieu de villégiature pour américains en quête de romantisme ! On ne pouvait parfaire une éducation européenne dans ces salons littéraire au doux fumet d’alcool et de tabac, au son de Cole Porter. Au diable donc les courbettes d’excuse ! Au feu les sourires polis, se confondant en mille pardons ! Place à cet innocent divertissement. Tant que celui-ci ne dépassait les limites de la bienséance, Lawrie le jouait.
Tenant le chien d’une main, sa cane dans l’autre, le journal sortant d’une poche, il fourra le tout dans sa main gauche, s’attendant à devoir présenter quelques mots de contrition. Les femmes avaient toujours cette petite fierté en elles, qu’elles que fussent leurs origines. C’était certainement cette petite moue, ce regard enflammé, cette voix sifflante qui chez les femmes plaisait à Lawrie et le poussaient à s’abaisser pour quémander un quelconque pardon, dès que les limites avaient été dépassées. -Écoutez, lâcha la jeune femme visiblement exaspérée. Je ne vous connais pas, et je ne sais pas pourquoi vous me connaissez ainsi mais taisez-vous, pour l’amour du ciel ! Lawrie hocha la tête poliment, sentant encore quelques mots étouffés dans la gorge de la jeune femme, et qui ne tarderaient à sortir. Couper la parole était la dernière des imbécillités à faire face ç une femme ! Lawrence pouvait également laisser là cette connaissance d’une nuit, mais la réaction vive de la jeune femme le poussait à rester, à lever le voile sur l’absence de souvenirs qu’elle prétendait. L’esprit de contradiction allait avec le temps, où que Lawrie puisse poser ses bagages d’artistes. - Laissez-moi tranquille, lança-t-elle avant de pivoter pour s’éloigner.
Lawrence leva les yeux au ciel, la voyant s’échapper. Ne pas rester sur une mauvaise note, tel était son mot d’ordre. La retenir, sans la pousser à fuir…le programme semblait vaste, mais le poète comptait sur un détail qu’on ne pouvait oublier : la demande de pardon, ordonnée, faite dans les règles de l’art et que nulle femme – ou homme – éduqué ne pouvait rejeter. S’il ne les mettait que peu de fois en pratique, il connaissait ces codes sociaux, humains ou que sais-je, qui permettaient à chacun d’obtenir une seconde chance. -Ah, commença-t-il d’une voix ennuyée… je vous prie de m’excuser. La voix était claire, teintée d’une contrition un peu forcée mais nécessaire. En quelques pas il rejoignit la jeune femme, oubliant par la même occasion qu’il venait d’étrangler John qui couina sous le coup et suivit lourdement. Il se cala à sa gauche, dans un sourire ennuyé. -Veuillez m’excuser, mes manières ont été peu délicates. Il se tut quelques secondes, guettant une réponse éventuelle. Je crains avoir manqué de tact mais soyez assurée que je ne permettrais en aucun cas de dévoiler les traits qui se cachent sous ce chapeau.
Il baissa la tête légèrement en signe de contrition, reportant un regard sincère sur la jeune femme. -Si vous me le permettez, je peux vous rafraîchir la mémoire, car la mienne est excellente et il semblerait qu’un mauvais esprit ait ôté les vôtres, proposa-t-il sans trop s’avancer . Il osa un sourire amical en relevant la tête, tirant à nouveau sur la laisse pour faire venir le chien. -Je manque également à tous mes devoirs, reprit-il ! Lawrence Seymour…peut-être mon nom vous fera-t-il sonner quelques cloches du passé ? Si je vous parle du Please don’t tell…
Avant de poursuivre, il avait balayé le petit parc du regard, s’assurant qu’aucune oreille ou regard indiscret ne vienne les déranger. Inutile de mettre la jeune femme en défaut en dévoilant malencontreusement son identité – s’il s’en rappelait ! Inutile également qu’une seule allusion sur leur présence dans des speakeasy puisse être dévoilée. On ne savait, en ces temps, qui se cachait derrière un honnête regard et les policiers patrouillaient encore. L’un et l’autre avaient grand intérêt à ne pas hausser le ton…et Lawrie ne se priva pas de profiter de la situation. -Si vous acceptez que nous allions boire….un jus de fruit, précisa-t-il dans un sourire, je pourrais vous relater ce que vous semblez avoir oublié ; mais cela me permettra également d’avoir votre pardon, ajouta-t-il le regard amusé.
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Sujet: Re: Alcohol and memories aren't closer friends...[Eve & Lawrie]
Alcohol and memories aren't closer friends...[Eve & Lawrie]