histoire

Le temps file, le temps n'attend personne. Le temps guérit toutes les blessures.

Chapitre 1

27 Avril 1900 – 1h00 Hôpital de Boston

Un calme profond régnait dans l’un des plus grands hôpitaux de Boston. Les immenses couloirs blancs, donnant l’étrange impression d’être sans fin, étaient déserts et seul le bruit des néons venait rompre le silence. Les malades dormaient, pendant que le personnel hospitalier de garde attendait sagement le signalement de la moindre urgence. Pour une fois, la ville de Boston semblait elle-même très calme puisque les urgences étaient vides. Pas un blessé, pas un malade, personne… C’était une situation tellement inhabituelle que même le personnel commençait à se sentir inutile. Eux qui d’habitude devaient courir dans tous les sens pour s’occuper de blessés graves, se retrouvaient à jouer aux cartes à l’accueil des urgences, commençant à faire des paris sur le nombre d’urgence qu’il y aurait ce soir là. Tous étaient certains qu’à présent plus rien se passerait, mais pourtant, un gyrophare d’ambulance commença à retentir au loin, se rapprochant petit à petit de l’hôpital… C’était la fin du calme et le début d’une nuit qui allait s’avérer chaotique, comme la plupart du temps…

A 2h00 du matin, une ambulance arriva en urgence. Un accident de voiture venait d’être provoqué et deux véhicules étaient entrés en collision. Le responsable ? Un homme alcoolique en compagnie de sa femme enceinte. L’accident fit quelques blessés mais l’état de la femme enceinte restait très inquiétant. Lorsque l’ambulance arriva à l’hôpital, un compte à rebours contre la mort commença. Gravement blessée à la tête, la femme du responsable de l’accident avait perdu beaucoup de sang, mettant ainsi sa propre vie et celle de son bébé en danger. Immédiatement, elle fut transportée en salle de réanimation où on lui administra les premiers soins.

- Elle a perdu beaucoup trop de sang ! On va la perdre elle et son bébé ! Son pou diminue. La voix de l’infirmière trahissait une certaine inquiétude.

- Il est hors de question que cette femme et son bébé meurent pendant mon service. Répondit le médecin en mettant l’inconnu sous transfusions et en veillant à arrêter le saignement de ses plais.

Après de longues et interminables minutes à tenter le tout pour le tout, le médecin écouta avec attention le rythme du cœur de l’inconnue qui ne cessait de diminuer. Concentré, il ne pouvait plus rien faire d’autre et son cœur fit un bond dans sa poitrine lorsque les battements devinrent petit à petit plus rapides. La femme enceinte était à présent hors de danger, ce qui était une très bonne chose. Malheureusement, la voix de l’infirmière se fit entendre à travers toute la pièce, ce qui alerta aussitôt le médecin qui comprit que tout n’était pas encore gagné.

- On est en train de perdre le bébé ! Il ne respire plus !

Ni une ni deux, le médecin éloigna l’infirmière de sa patiente et pratiqua en urgence une césarienne. Le bébé ne respirait plus… Seulement, contre toute attente, le médecin décida de s’acharner alors que tout semblait perdu.
A 3h25 du matin, après un acharnement ininterrompu de la part des médecins, Alice poussa ses tous premiers cris.

Chapitre 2

12 Juillet 1909 – 18h Maison des Green-Strauss

Neuf années s’étaient écoulées depuis la naissance de la petite Alice. Suite à sa naissance, Hayden, Julian et William avaient vu le jour. Âgés respectivement de 7 ans, 6 ans, 3 ans et 2 mois, les quatre enfants formaient une fratrie unie et soudée.

Sagement installée dans sa chambre, Alice s’amusait à coiffer sa petite sœur, Hayden. Elle était en quelque sorte sa petite poupée humaine, celle qu’elle s’amusait à pomponner et avec qui elle partageait une complicité particulière. Allongé par terre, Julian s’amusait sur son album de coloriage en chantonnant les dernières comptines qu’il avait apprises à l’école. La maison était calme, ce qui était devenu chose rare, surtout lorsque leur père était là. Dans ces moments là, le silence laissait sa place à des cris, ceux de leurs parents se criant dessus, en arrivant la plupart du temps jusqu’aux coups. Alice restait dans sa chambre avec son frère et sa sœur, alors que Willy dormait paisiblement dans son berceau. Quand les choses devenaient trop violentes, en silence, la petite fille se faufilait jusqu’à la chambre du nourrisson qui était en pleure à cause de bruit, puis discrètement, elle l’emmenait avec elle pour calmer ses peurs.

Malheureusement, et une fois de plus, la porte d’entrée claqua dans un bruit sourd, signe que le père d’Alice venait de rentrer. A entendre sa voix provenant du salon, et à sa façon de parler, une fois de plus il était complètement ivre, ce qui ne présageait rien de bon. Julian et Hayden comprirent aussitôt qu’ils avaient intérêt à ce se faire très discrets, et à partir de ce moment là, un profond silence s’installa dans la chambre de Alice. Julian avait cessé de chantonner, et Hayden était venue s’assoir près de sa grande sœur. Seuls les bruits de disputes venaient rompre quelque peu le silence régnant, et les enfants restaient ensembles, à attendre que tout s’arrête, que leur père reparte après avoir eu ce qu’il voulait. Dans un profond mutisme, Alice attendit, mais William se mit à pleurer en entendant les cris provenant du salon. La petite fille savait que si son père l’entendait pleurer trop longtemps, il s’impatienterait et viendrait en haut, chose qu’elle tenait à éviter par peur que ça se termine mal, une fois de plus. C’est pourquoi, sans attendre un instant de plus, elle se tourna vers Julian et Hayden, leur faisant signe de rester là et de garder le silence. Alice vit dans leurs yeux cette même terreur qu’elle avait vue temps de fois lorsque leur père rentrait complètement ivre. Elle leur adressa un sourire se voulant rassurer, puis quitta silencieusement sa chambre. Dans le couloir, les bruits provenant du salon se faisaient plus net, plus fort, mais Alice ignora les cris, les insultes, et se dirigea vers la chambre de William. Une fois près de son petit frère, elle n’attendit pas un seul instant de plus et pris le nourrisson dans ses bras, tentant de son mieux d’apaiser ses craintes. Malheureusement, William ne semblait pas vouloir se calmer, et malgré les doux chuchotements de Alice pour le calmer, il continua de pleurer.

« Y’en a marre de tout ce bordel ! T’es même pas capable de calmer ton gosse qui passe son temps à chialer ! Je vais m’en charger moi ! »

Prise de panique, Alice serra William contre elle avant de quitter sa chambre pour partir se réfugier dans la sienne avant que son père arrive. A peine fut-elle dans le couloir, qu’elle entendit le bruit des pas de son père, montant l’escalier qui le mènerait d’ici peu jusqu’à la chambre de William. Alice jeta un coup d’œil et vit son père sur le palier. Ce dernier ne sembla pas apprécier de la voir avec William dans les bras, le nourrisson ne s’arrêtant pas de pleurer.

« Viens ici ! »

Alice ignora son père et lui tourna le dos avant d’aller s’enfermer dans sa chambre, ou Hayden et Julian semblaient être pétrifiés par la peur. La petite fille alla s’assoir à côté d’eux, serrant toujours William contre lui afin de tenter de le calmer. Malheureusement, les coups que donnait leur père à la porte n’aidaient absolument pas, et au contraire, ne faisaient qu’accentuer les pleurs du bébé.

- William, calme toi… tenta vainement Alice.

Finalement, la porte de la chambre s’ouvrit violement, et leur père entra dans la chambre, un rictus de colère sur son visage. Il était complètement ivre, ne marchait pas droit et puait l’alcool. Les trois enfants se serrèrent les uns contre les autres.

« Donnes le moi ! » Cria leur père à Alice en s’approchant.

Protégeant son petit frère, et du haut de ses 4 ans, Julian donna un coup de pied à son père qui fut déstabiliser l’espace de quelques instants. Fou de rage, le père attrapa Julian et le frappa tellement fort qu’il alla se heurter contre le mur avant de tomber à terre, parfaitement inconscient. Tout s’était produit beaucoup trop vite, Alice n’avait pas eu le temps de réagir, mais à la vue d’une tache de sang près de la tête de son petit frère de 4 ans, elle comprit que son père venait de commettre l’irréparable…. Sous le choc, elle confia William à Hayden avant de se précipiter aux côtés de Julian. A genoux, elle le tourna face à lui et déposa son visage sur ses jambes. Il semblait dormir, comme un ange… Toute trace de peur avait quitté son visage, il semblait juste apaisé…. En pleur, Alice cria sa colère et serra fort le corps sans vie de son petit frère. Comprenant ce qu’il venait de faire, leur père retrouva soudainement pied, comme si les effets de l’alcool venaient de disparaitre. Il quitta alors la chambre d’une démarche mal assurée.
Alice avait neuf ans lorsque son petit frère Julian perdit la vie alors qu’il n’avait que 4 ans. Son père ne fut pas envoyé en prison mais sa femme le quitta, demandant le divorce. L’enfer ne fit que commencer…

Chapitre 3

23 décembre 1917 – 23h Maison des Grenn-Strauss

Huit années s’étaient écoulées depuis que le petit Julian était mort. Après le divorce de ses parents, Alice était partie vivre chez sa mère avec son frère et sa sœur. Le quotidien était devenu plus rude et sa mère travaillait constamment pour que ses enfants aient un toit au dessus de la tête. Elle était parvenue à trouver un emploi dans un hôpital ou elle travaillait de nuit en temps qu’infirmière. Elle accumulait les heures de travail négligeant le temps passé avec ses enfants pour qu’ils ne manquent de rien. Bien entendu, les fins de moi étaient rudes, mais la petite famille parvenait à s’en sortir.

23h venait de sonner et Alice était calmement installée dans le petit salon de sa nouvelle maison. Un livre à la main, elle appréciait en silence le calme régnant. Sa mère travaillait pendant qu’Hayden et William dormaient paisiblement. Le soir Alice se chargeait de son frère et de sa sœur, attendant le retour de sa mère pour aller se coucher. Elle avait pris l’habitude de lire en l’attendant et lorsqu’elle rentrait, elles prenaient un peu de temps pour se raconter leurs journées avant d’aller se coucher. Ce soir là n’échapperait pas à la règle. Seulement, quand minuit et demi sonna, Alice fut surprise de ne pas voir arriver sa mère. Il n’était pas dans ses habitudes d’être en retard… Etonnée, la jeune fille ferma son livre et se posa devant la fenêtre donnant sur la petite allée du jardin. Les minutes défilaient et la silhouette de sa mère n’apparaissait toujours pas.

1h du matin sonna et Alice attendait toujours devant la fenêtre, s’inquiétant de plus en plus. La jeune fille tentait de se raisonner en se disant qu’une urgence retardait probablement sa mère, pourtant, un étrange pressentiment ne la quittait pas. Une boule au fond de son ventre ne cessait de la tirailler… Son inquiétude ne se dissipa en rien lorsqu’un véhicule de police se gara devant la maison et qu’un homme descendit du véhicule pour venir frapper à sa porte. Sans se douter de ce qu’il était en train de se passer, Alice alla ouvrir à un homme dont le visage paraissait étrangement tendu.

- Alice Green-Strauss ? demanda l’agent à la jeune fille.

Prise au dépourvue et effrayée, Alice le regarda un long moment, figée par la peur. Que lui voulait cet homme ? Pourquoi était-il là ? Comment connaissait-il son nom ? C’est avec grande difficulté que la jeune fille trouva suffisamment contenance pour lui murmurer un petit oui. Le regard du policier parut désolé, comme s’il aurait préféré qu’elle lui réponde non. Ce dernier fit un geste en direction du véhicule et deux hommes en descendirent pour venir le rejoindre.

- Votre tante vous attend au poste de police. Nous sommes venus vous chercher. Expliqua le policier.

Perdue, Alice n’eut pas le temps de réagir que les deux policiers qui venaient d’arriver entrèrent dans la maison avant de grimper à l’étage sous le regard impuissant de la jeune fille qui se tourna vers le troisième policier.

- Qu’est ce que vous faites ? Ou ils vont ? Demanda Alice d’une voix paniquée en commençant à se diriger vers l’étage. Le policier l’arrêta dans son élan, l’attrapant par le bras.

- Je vous assure que vous ne risquez rien. Ils sont montés chercher votre sœur et votre frère pour qu’on vous amène auprès de votre tante. Expliqua le policier d’une voix se voulant réconfortante.

- Pourquoi ?! Ou est ma mère ?! Finit par s’emporter Alice en entendant son petit frère pleurer.

Le policier la regarda un instant avec ce même regard qu’il avait eu un instant plus tôt. Doucement mais de façon maladroite, il posa ses deux mains sur les épaules d’Alice. Cette dernière comprit alors qu’il s’était passé quelque chose et avant même qu’il ne dise quoi que ce soit, ses yeux s’inondèrent de larmes.

- Je suis désolé mais tu vas devoir être forte. Ton frère et ta sœur n’ont plus que toi à présent…

Alice se sentit défaillir mais les bras du policier moustachu la rattrapèrent et l’aidèrent à garder pied. Des bruits de pas dans l’escalier la firent sortir de sa léthargie et son regard se tourna vers son petit frère de 8 ans, en pleure dans les bras d’un policier, effrayé d’avoir était réveillé si brutalement, avant de glisser sur sa jeune sœur de 15 ans, perdue. Sous le choc, Alice ne comprenait rien à ce qu’il était en train de se passer mais les cris de son frère la ramenèrent aussitôt sur terre et elle comprit que le policier avait raison. Elle allait devoir se montrer forte pour son frère et sa sœur. Sans un mot, elle se dirigea vers le policier tenant son frère et lui prit des bras, le serrant contre lui pour le calmer.

- On vous suit. Répondit Alice à l’adresse du policier moustachu.

Les trois enfants montèrent dans le véhicule de police, sans réellement savoir ce qu’ils allaient devoir affronter. En effet, à minuit, leur mère avait quitté son travail comme à son habitude, mais son ex mari l’attendait. Sous les effets de l’alcool, il l’avait menacé, la conduisant dans une ruelle ou il lui avait tiré une balle dans la tête. Pour terminer, il s’était suicidé en retournant son arme contre lui.
Alice, Hayden et William avaient perdu leur mère et leur père en l’espace d’une nuit. La sœur de cette dernière, avec l’accord de son époux, décida de recueillir Hayden et William. Alice, quand à elle, s’éloigna de sa famille décidant de s’assumer toute seule…

Chapitre 4

15 juin 1919 – Dans un hôtel de Boston

Alice vivait seule depuis maintenant deux ans. Elle avait des nouvelles de son frère et de sa petite sœur grâce aux lettres qu’elle échangeait avec cette dernière, mais elle ne les avait pas revus. La vie n’était pas facile, bien au contraire. Être une jeune femme devant s’assumer seule dans un monde d’homme ne rendait pas la tâche facile tous les jours. Elle vivait dans une espèce de chambre de bonne miséreuse et travaillait en tant que serveuse dans un bar de Boston assez mal réputé pour les personnes le fréquentant. Seulement, elle vivait sa vie comme elle l’entendait. De plus, son patron n’était pas n’importe quel homme. Plus âgé qu’Alice, marié et probablement père de famille, il entretenait une liaison avec la jeune femme depuis presque un an. Leur histoire était faite de promesse d’un avenir à deux, un avenir auquel croyait Alice. Eperdument amoureuse de lui, elle attendait qu’il quitte enfin sa femme. Aveuglée par ses sentiments, elle était prête à tout pour lui.

- Bonjour Mademoiselle.

Alice revint immédiatement à elle, réalisant ou elle se trouvait. Elle regarda autour d’elle, admirant la beauté de cet hôtel qui devait probablement être hors de prix. Le genre d’endroit ou elle ne se sentait absolument pas à sa place. L’homme à l’accueil la regardait, attendant qu’elle lui explique ce qu’elle désirait.

- Bonjour, Monsieur Wellington m’attend. Répondit Alice d’un air mal assuré.

L’homme la fixa un long moment, mettant davantage Alice dans l’embarras. Son regard lui donnait l’impression d’être un objet, et à vrai dire il n’était pas si loin de la vérité… Son patron lui avait demandé un « service » pour le bien de son bar. Elle devait rencontrer ce Monsieur Wellington, un client et surtout un bon investisseur, pour passer un « agréable » moment avec lui. Alice avait refusé, mais après maintes supplications et surtout la promesse qu’après ça il divorcerait, la jeune femme avait finit par dire oui par amour.

- Il vous attend. 2ème étage, chambre 230. Répondit l’homme sans la quitter du regard.

Debout devant cet inconnu, à l’accueil d’un hôtel hors de prix, Alice réalisa ce qu’elle était sur le point de faire. Cet homme la regardait comme un objet car elle était en train d’en devenir un. Pareille à une prostituée, elle était sur le point de rencontrer un inconnu en imaginant que son patron tiendrait sa promesse… Une promesse qui coutait peut être un peu cher… Sans prendre le temps de réfléchir, Alice tourna les talons, mais au lieu de prendre la direction de l’étage, elle quitta l’hôtel. En faisant ça elle perdait l’homme qu’elle aimait, mais c’était moins risquait que de se perdre elle-même…

Alice prit alors une décision importante et quitta son travail, avant de partir de Boston en direction de New York….

Chapitre 5

De nos jours – New York

Cinq années s’étaient écoulées depuis qu’Alice avait quitté Boston pour New York. Elle avait accumulé divers emplois de serveuse jusqu’à faire la connaissance d’un homme. Johnson. Sans qu’elle ne comprenne pourquoi, il lui avait offert un emploi d’hôtesse au Palace Théâtre et un emploi de serveuse au Please, Don’t Tell. Il lui avait accordé sa chance, lui trouvant également un lieu un peu plus correct ou vivre. Sans qu’il ne lui demande quoi que ce soit, il l’avait prise sous son aile. Pour la première fois depuis longtemps, Alice avait eu l’impression d’avoir un père à ses côtés. Certes, elle ne savait rien sur lui, mais elle s’en moquait. Elle ne lui demandait rien de personnel et il en faisait tout autant. De cette relation était né un respect mutuel et une confiance partagée. Alice se sentait bien et aimait ce qu’elle faisait, même si son rêve à elle se trouvait ailleurs.

Malheureusement, Johnson est mort il y a 18 mois de ça, laissant son fils Gabriel prendre la relève. Depuis, l’ambiance demeure compliquée entre Alice et le jeune homme. Tous les opposent et ils ne sont jamais d’accord. Pour la jeune femme, Gabriel n’est pas à la hauteur de l’homme qu’était son père. Il n’est qu’un gosse de riche qui a grandit avec une cuillère en or dans la bouche. Pourtant, il éveille en elle un certain intérêt qu’elle ne comprend pas…

crédit © ATJ & tumblr